L’avant, l’après et le pourquoi d’un naufrage dans la Manche – n°2
Robin des Bois approuve sans réserves la décision du préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord de réaliser avec l’Abeille Liberté une tentative de remorquage de l’épave renversée du Britannica Hav vers le port du Havre.
L’avant, l’après et le pourquoi d’un naufrage dans la Manche
Le Deborah, chalutier belge (photo n°1) se met le 18 mars au matin en action de pêche en plein rail de la Manche par où transitent chaque année plus de 70.000 navires de commerce et 500 millions de tonnes de matières dangereuses, un peu comme si un collecteur de papiers gras et de champignons travaillait jour et nuit sur l’autoroute du nord et au bord de la bande d’urgence.
Le brise-glace qui fait froid dans le dos
Jusqu’alors, la compagnie Ponant, désormais propriété de la famille Pinault, se tenait à l’écart des excès de ses concurrents. Avec son projet de brise-glace des deux pôles et de pollueur des banquises livrable en 2021, elle y entre de plain-pied.
Robin des Bois et la Commission OSPAR – Cork, Irlande, 26-29 juin 2017
OSPAR est une Convention de coopération internationale dédiée à la protection du milieu marin de l’Atlantique du Nord-Est et entrée en vigueur en 1998. La France, la Belgique, le Danemark, l’Allemagne, la Finlande, l’Islande, l’Irlande, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal, l’Espagne, la Suède, le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord et l’Union européenne en sont membres ainsi que le Luxembourg et la Suisse au titre de l’influence sur la qualité des eaux marines de l’Atlantique des fleuves et des rivières qui les traversent. Robin des Bois a le statut d’observateur à la Commission OSPAR depuis 2005.
Le MSC Meraviglia ou le pourisme de masse
V2
« S’il y avait une première folie à penser qu’une création de l’être humain était inaccessible à toute forme de destruction, il y en avait une seconde a en être persuadé au point de ne même pas prévoir une solution de secours en cas de catastrophe. », Pierre Bayard. « Le Titanic fera naufrage », Editions de Minuit, octobre 2016.
Les méga paquebots comme le MSC Meraviglia sont les cauchemars des préfets maritimes et des sauveteurs en mer. 7 à 8000 personnes à évacuer en cas de collision, d’incendie, d’attentat ou de naufrage en haute mer et de nuit, c’est une mission impossible. Les armateurs n’osent même pas répéter l’exercice dans une baie abritée et ensoleillée. En juillet et en septembre 2016, 2 exercices d’évacuation réservés aux membres d’équipage à bord du Norwegian Breakaway et du Harmony of the Seas se sont soldés par les chutes brutales des canots de sauvetage. Bilan total : 2 morts et 7 blessés.
OSPAR perd le Nord
Compte-rendu
OSPAR provient de la fusion en 1992 de la Convention de Paris pour la prévention de la pollution marine d’origine tellurique et de la Convention d’Oslo pour la prévention de la pollution marine par les opérations d’immersion effectuées par des navires et aéronefs. Cette dernière avait été initiée suite au choc de la marée noire du Torrey Canyon le 18 mars 1967.
OSPAR est dédiée à la protection de l’Atlantique du Nord-Est. C’est un poisson-pilote. Les travaux de ses 5 comités – Biodiversité, Industries offshore, Substances radioactives, Impacts environnementaux des activités humaines, Substances dangereuses et eutrophisation – ont permis de mieux connaître et combattre les multiples pressions sur les écosystèmes marins depuis le large du Portugal jusqu’à l’Océan Glacial Arctique. Cette réussite s’est notamment concrétisée par un bilan de santé sans concession de la zone OSPAR en 2010 (1). Sept ans plus tard, le poisson-pilote OSPAR est menacé d’asphyxie par les pays arctiques. Robin des Bois revient des comités Biodiversité et Industries offshore qui se tenaient à Berlin et à Oslo les deux premières semaines de mars.
Départ de Saint-Nazaire du Monster of the Seas*
Ceux qui habitent dans des HLM ne seront pas vraiment dépaysés. Les navires de croisière du type Harmony of the Seas sont des barres flottantes. A terre, la tendance est à leur dynamitage. En mer, elles sont considérées comme un progrès. 6360 passagers menacés par le mal de mer, les gastroentérites, les effondrements de déco kitch sont servis par 2400 membres d’équipage de 70 nationalités cantonnés comme du temps du Titanic dans des cambuses obscures au fond des ponts inférieurs.
Le Modern Express. Redressé mais pas sans tort
Il a été remis dans le bon sens le 22 février. « Pour les besoins de l’enquête », les autorités espagnoles ont interdit l’accès au navire jusqu’au 26 février y compris pour les experts, les armateurs, les affréteurs ou leurs représentants.
En terme technique, le Modern Express est un roulier (Ro Ro, Roll On/Roll Off) PCTC – Pure Car and Truck Carrier – autrement dit dédié exclusivement au transport de matériel roulant.
Le Modern Express était chargé de 3600 t de bois ou 4089 t selon les versions, réparties en 4 essences, okan, azobé, movingui, tali et d’engins de chantiers. Les bois précieux devaient être débarqués au Havre et étaient destinés à des entreprises européennes.
Modern Express : le fardeau du bois
Communiqué Modern Express n°5
Selon son affréteur, European Roro Lines, le Modern Express transportait 3600 tonnes de fardeaux de bois en planche. Le directeur de l’ERL France souligne que les transporteurs de voitures et autres matériels roulants ne sont pas adaptés au transport de bois en grume (1).
Est-ce que pour autant les navires de la catégorie du Modern Express sont adaptés au transport de bois en fardeaux ? S’ils sont insuffisamment cerclés et mal saisis dans les ponts-garage du navire, ils peuvent se disloquer et basculer. Les planches par milliers de tonnes risquent alors de s’amasser sur un des bords du navire et d’entraîner une gîte irréversible.
Modern Express : y a-t-il des passagers clandestins à bord ??
Communiqué Modern Express n°3
Les annales montrent que les passagers clandestins candidats à l’immigration cherchent à embarquer dans les ports d’Afrique de l’ouest avec ou sans la complicité des agents portuaires et des équipages pour accéder aux ports d’Europe du nord.
En France, les ports les plus touchés par ces tentatives dont l’issue est souvent tragique sont Marseille, Sète, la Rochelle, Nantes-Saint Nazaire, le Havre et Rouen.
Le port à bois d’Owendo au Gabon d’où est parti le Modern Express est connu pour être un point de ralliement de ressortissants de plusieurs pays d’Afrique de l’ouest cherchant à rejoindre l’Europe.