Après l’étalement urbain, voici l’étalement marin
L’offshore est la solution pratique pour réduire l’impact et l’emprise des activités humaines sur le littoral. La mer côtière est en voie de colonisation et de privatisation. L’appropriation en est facile ; il n’y a pas de populations indigènes, seulement des organismes aquatiques peu experts en matière de pétitions et de contentieux juridiques. La tendance est à mettre en mer ce qui embête à terre. Les Energies Marines Renouvelables à quelques kilomètres de la côte s’inscrivent dans cette tendance. Elles sont le cheval de Troie d’autres installations et d’autres emprises.
Pétrole en Guyane : les prétendants s’impatientent
Shell creuse le premier des 4 forages d’exploration au large de la Guyane. Ces opérations se déroulent si l’on peut dire selon « l’ancien régime ». Le processus d’autorisation avait été initié par le gouvernement Jospin en 2001 et prolongé par le gouvernement Fillon en 2011. Dans son communiqué « Le go-fast de Shell » du 9 juillet 2012, Robin des Bois a dénoncé les conditions d’attribution des autorisations. Le Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins de Guyane vient de demander la suspension de ces opérations.
Let’s go
Shell-Guyane
Communiqué n°3
V2
Le go-fast
1 – Le 29 mai 2001, le permis de recherches d’hydrocarbures de la Guyane Maritime a été accordé par Christian Pierret, secrétaire d’Etat à l’industrie sous le gouvernement de Lionel Jospin.
2 – Le 2 juillet 2007, ce permis initialement attribué à Planet Oil Limited a été prolongé et attribué à Hardman Petroleum France par Jean-Louis Borloo, ministre de l’écologie du gouvernement Fillon.
3 – De mars à novembre 2011 le premier forage d’exploration a été réalisé. Il était encadré par deux arrêtés préfectoraux de janvier et mars 2011. Particularité unique au monde : le préfet de Guyane prescrit des mesures de sécurité et d’évacuation de la plate-forme de forage au moment des lancements de satellites depuis le centre spatial de Kourou. Des retombées de lanceurs sont redoutées.
Plus de transparence pour l’offshore et moins de lumière
Bonn
Réunion plénière – Commission OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est.
A la fois très loin de la Guyane et tout près, les Etats-membres de la Commission OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est réunis à Bonn ont abordé l’industrie offshore avec Robin des Bois comme poisson-pilote. La zone de compétence de cette Commission internationale s’étend des eaux arctiques au Portugal.
Transparence
Environ 1.300 installations offshores pétrolières et gazières sont implantées dans l’espace OSPAR, principalement en Mer du Nord et en Mer de Norvège. Pionnier dans le domaine de l’industrialisation de la mer, ce secteur profite de son isolement géographique. Robin des Bois a proposé aux Etats-membres d’OSPAR de cartographier précisément les plates-formes et d’associer à chacune une fiche d’identité comprenant les dates clefs, la profondeur d’eau, la profondeur du forage dans le sous-sol océanique, le pavillon (certaines installations de forage dans la zone OSPAR sont sous pavillon Panama ou Iles Marshall), les noms des sociétés impliquées (propriétaires, opérateurs, exploitants, sous-traitants…), les accidents survenus sur site (incendies, rejets d’hydrocarbures…) et les principaux rejets chroniques. Cette proposition n’a pas été accueillie favorablement par la délégation du Royaume-Uni, ni par l’Association internationale des producteurs de pétrole et de gaz (OGP). La transparence ça coûte cher à mettre en place et toutes ces informations sont par ailleurs disponibles sur des banques de données payantes, disent-ils. Ces arguments n’ont pas convaincu. La France, la Suède, l’Espagne, l’Allemagne ont soutenu la proposition de Robin des Bois. L’ONG sera exceptionnellement invitée à la prochaine réunion du comité d’experts offshore d’OSPAR pour détailler le projet et les modalités de mise en œuvre envisageables. Jusqu’alors et depuis très longtemps, la France est représentée au sein de ce comité d’experts par TOTAL. Le changement est-il pour maintenant ?
Le plein de risques en Guyane, en Normandie et en Arctique
Forage en Guyane, communiqué n°2
Shell mène la danse en Guyane. L’offshore va subir pendant plus d’un an les nuisances et les pollutions de 4 forages pétroliers d’exploration et de pompage expérimental. Le littoral guyanais et des pays voisins ne seront pas à l’abri d’une dérive de nappes de pétrole accidentelles. La diversité des grands et petits cétacés au large de la Guyane a été soulignée par le Comité Scientifique de la Commission Baleinière Internationale en 2011. Les lamantins, les tortues luth, les milliers d’oiseaux migrateurs qui viennent des Caraïbes et du Brésil pour se reproduire sur l’île du Grand Connétable sont menacés par les forages ultra-profonds à cause de la suprématie de Shell, de la pression des élus de Guyane et de la faiblesse des gouvernements français successifs. L’histoire a commencé en mai 2001 avec la délivrance d’un arrêté préfectoral accordant un permis exclusif de recherche d’hydrocarbures dit permis de Guyane Maritime. La transition énergétique fait un détour par la préhistoire et il est notoire que les études d’impact sur l’environnement n’abordent pas, loin s’en faut, tous les risques dus aux bruits, aux pollutions lumineuses et atmosphériques.
Faire le plein de risques au large de la Guyane
Shell, l’ogre de l’or noir rôde au large de la Guyane. Le navire de forage Stena IceMAX vient de passer au large du Cap en Afrique du Sud et se dirige vers la Guyane. Le premier des quatre nouveaux forages exploratoires de Shell devait débuter le 19 juin de l’autre côté de l’Atlantique Sud. Le dossier n’est pas encore complet, l’arrêté du préfet de Guyane sur les dispositions préalables aux travaux et la prévention des pollutions marines n’est pas encore signé. Il y a matière à s’inquiéter et à suspendre le trait de plume préfectoral.
Cauchemar en Mer du Nord
La nappe de gaz chaud autour de la plate-forme de production et d’habitation Elgin est explosible en périphérie et explosive au centre. C’est pourtant là que des forces d’intervention d’élite devraient converger avec des moyens maritimes et des équipements lourds pour injecter dans la tête du puits hors de contrôle des boues de colmatage. Aucun employeur normalement constitué ne prendrait une telle responsabilité. Au demeurant, s’il y a bien à Aberdeen une flottille de navires de lutte contre les fuites de pétrole et les marées noires (Oil Spill Response limited), elle n’a pas d’équivalent pour les fuites de gaz. C’est bien là la faute de Total et du gouvernement britannique que d’avoir mis en œuvre et autorisé l’exploitation d’un champ de gaz à haute pression et à haute température à plusieurs kilomètres sous les fonds de la Mer du Nord, sans pouvoir mettre en face les moyens techniques et les ressources humaines capables de maîtriser rapidement les caprices d’une telle bombe sous-marine. Ces risques étaient dès le début de l’exploitation, au début des années 2000, connus et appréciés à leur juste valeur par Total : « A cause de la complexité géologique des strates profondes sous-marines, les pressions peuvent varier de manière très brutale pendant les phases de forage et il y a de réels risques d’éruption de gaz et de pétrole ». Total considérait cette exploitation comme un challenge, une aventure, une avancée industrielle majeure ouvrant des perspectives nouvelles dans le monde et des nouveaux marchés. Il convient de noter sur la scène de la catastrophe la présence à côté de la plate-forme de production et de la plate-forme puits, d’une plate-forme de forage, la Rowan Viking, battant pavillon des îles Marshall selon les meilleures sources ou Panama selon les autres, ce qui promet le moment venu, comme après l’explosion de la plate-forme pétrolière Deep Horizon dans le golfe du Mexique de belles batailles de responsabilités, du type c’est pas moi c’est l’autre.
Un œil sur la mer
1 – Mer du Nord.
Depuis le 10 août, une marée noire est en cours en Mer du Nord à 180 km à l’Est d’Aberdeen, Ecosse. Le pétrole brut s’échappe d’une canalisation sous-marine connectant les puits E et F du champ d’exploitation Gannet opéré par Shell. Le réseau de pipeline court sur le fond de la mer par 95 mètres de profondeur. Les réservoirs de pétrole sont entre 2.700 m et 1.700 m sous le fond de la mer. Selon Shell, la fuite serait inférieure à 795 litres/jour (5 barils/jour) mais les exploitants sous-estiment généralement les débits en cas d’accident. Des hécatombes de pingouins guillemots nombreux sur zone en été sont prévisibles. Les autres espèces exposées sont les pingouins torda et les macareux. Ce secteur de la Mer du Nord est notamment fréquenté par les maquereaux, les soles et les églefins. Cette marée noire est une atteinte à la biodiversité et pénalise une fois de plus les activités de pêche. En 2009 et 2010, dix fuites ont été constatées sur le champ pétrolier Gannet dont 9 auraient été inférieures à 1 tonne. Selon la convention OSPAR pour la protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est, les risques de fuites en provenance des pipelines de la Mer du Nord sont en progression. L’exploitation du pétrole entre dans une phase particulièrement dangereuse pour l’environnement : la production diminue de même que les opérations de surveillance et de maintenance sur un réseau global de 50.000 km de canalisations. Dans le cas particulier, les mammifères marins migrateurs comme les petits rorquals ou sédentaires comme les marsouins et les phoques gris sont aussi menacés par la dérive du pétrole.
Ça bouge en Arctique
Le 7 juillet 2011, un accord sur la frontière maritime entre la Russie et la Norvège est entré en vigueur. Cette nouvelle ligne de démarcation clôt un différend de 44 ans à propos de 175.000 km² dans la mer de Barents et l’océan glacial arctique et ouvre ce qu’il est convenu d’appeler « une zone grise » pour l’exploration des ressources fossiles. Le lendemain de l’entrée en vigueur de cet accord, la Norvège a dépêché sur zone le navire de recherches sismiques Harrier Explorer (OMI 7807380).
Les dernières nouvelles du Probo Koala
Le Gulf Jash, ex-Probo Koala, est à l’ancre dans la Baie d’Halong au Vietnam. Aujourd’hui 3 juin, le courtier américain GMS dément être l’actuel propriétaire de l’ex-Probo Koala. Dans cette hypothèse, il revient à l’armateur du navire depuis 2006, à savoir la Gulf Navigation établi à Dubaï, de préciser les conditions de vente et la destination du navire.
Confirmant le communiqué diffusé par Robin des Bois le 17 mai 2011, la base de données Equasis indique depuis le 31 mai que le Gulf Jash (ex-Probo Koala), le Gulf Ahmadi (ex-Probo Bison) et le Gulf Shagra (ex-Probo Panda) sont en attente de démolition.
L’ex-Probo Koala est interdit d’entrée dans les eaux territoriales du Bangladesh depuis le 27 mai, les autorités ayant été informées par Robin des Bois dès le 17 de l’arrivée imminente du navire sur les chantiers de démolition de Chittagong.