Probo Koala au Bangladesh : refusé
Informées par Robin des Bois dès le 17 mai 2011 de l’arrivée imminente du Probo Koala sur les plages de Chittagong pour démolition, les autorités du Bangladesh (1) par la voix du Ministre de l’Environnement viennent d’interdire l’accès au chantier de ce navire dont le dernier nom connu est le Gulf Jash, numéro OMI 8309816. C’est la première fois qu’un navire voué à la démolition est ainsi banni des eaux du Bangladesh. Cette décision se justifie par l’histoire de ce tanker et par les résidus particulièrement toxiques encore susceptibles d’être à bord. La liste de ces substances et le plan du navire sont dans le document en lien.
Mégatombe de rouge-gorges en Mer du Nord
50 millions d’oiseaux migrateurs franchissent deux fois par an la Mer du Nord. La navigation astronomique d’au moins sept espèces est sévèrement perturbée par les flux de lumière artificielle émis par les plates-formes off-shore. Le dérangement est maximal quand le ciel nocturne est couvert de nuages ; il aboutit à la désorientation des oiseaux qui dans ces circonstances se mettent à tourner pendant plusieurs heures autour de cette fausse constellation que constitue une plate-forme off-shore la nuit.
La ruée vers la mer
Après avoir vidé la mer de poissons, ils voudront la remplir d’usines. Cette prémonition, Robin des Bois l’évoque depuis plusieurs années (cf journal Le Monde 11/01/2007).
Les centrales éoliennes off-shore sont les précurseurs d’autres installations industrielles dans les eaux côtières et peu profondes au large. AREVA, EDF et DCNS (ex Direction des Constructions Navales) n’ont-elles pas dévoilé la semaine dernière leur projet de fermes nucléaires sous-marines ? (1). Saluons dans ce domaine les noces symboliques de l’éolien et du réacteur EPR de Penly dans la Manche !
Le serpent de mer nucléaire
Il fallait bien que ça arrive un jour, depuis le temps que Technicatome puis Areva essayent de ressusciter le nucléaire civil en mer, après les espoirs et les échecs de la propulsion nucléaire pour les navires de surface incarnés par l’Otto Hahn, navire marchand allemand soutenu par Euratom et récemment démantelé dans la baie d’Alang (voir “A la casse.com” n°18). Le projet Flexiblue porté par la DCNS n’est rien d’autre qu’un sous-marin coulé, concept inauguré par les Etats-Unis le 10 avril 1963 avec le Thresher dans l’Atlantique. Au lieu d’être coulé par accident, le projet Flexiblue l’est volontairement et son énergie acheminée sur les lieux de consommation par câbles sous-marins. Le projet nucléaire de DCNS se pare du doux vocable de « ferme ». Après la ferme éolienne off-shore, c’est le tour de la ferme nucléaire sous-marine. La langue de bois fonctionne à plein tube. Les mots damnés de terrorisme, de rejets radioactifs, de déchets nucléaires, de collision, de chaluts sont bannis.
Des centrales nucléaires flottantes à travers le monde
La première centrale nucléaire flottante russe a été lancée fin juin 2010 (photo n°1) et ses deux réacteurs d’une capacité de 35 MW x 2 seront installés avant 2012 selon les autorités russes. Des retards sont toutefois possibles. Cette nouvelle activité nucléaire est inquiétante, en particulier parce que la gestion des déchets radioactifs des brise-glace et sous-marins nucléaires russes reste non résolue de même que leur démantèlement en fin de vie.
Trafigura rattrapé par le mercaptan et l’hydrogène sulfuré
Bref rappel des faits en fin de communiqué
Alors que le Gulf Jash, ex-Probo Koala, quitte les eaux noires du Golfe du Mexique et que l’Aristos II, autre tanker affrété par Trafigura, est en cours de démolition dans les vases de Chittagong au Bangladesh, le jugement du tribunal d’Amsterdam braque à nouveau les projecteurs sur le monde obscur des traders et du trafic maritime.
Les efforts de désinformation de la multinationale Trafigura sont démentis. Selon ses portes-parole, ses avocats et ses conseillers en communication, tout ce qui s’est passé à Abidjan ne serait qu’un « mythe ». Le jugement d’Amsterdam confirme que les déchets de la désulfuration produits à bord du Probo Koala par le procédé Merox étaient dangereux. 4 ans après l’escale hollandaise du Probo Koala, ce jugement met fin à la prétendue irresponsabilité de Trafigura. Malgré la stratégie de dilution des responsabilités en vigueur dans le monde maritime, chaque maillon de la chaîne, en mer et à terre, est rattrapé par la justice.
Traf ment gravement
Objet : procès Trafigura/Probo Koala à Amsterdam
A la barre du tribunal d’Amsterdam, Trafigura est aussi manipulateur qu’à la barre du Probo Koala. Tous les dommages du raffinage en mer du naphta hyper soufré de Pemex* et tous les risques sanitaires des déchets de désulfuration ne seraient qu’un « mythe » colporté par les écologistes, les journalistes et les politiques : « Il n’a pas été prouvé que les évènements de Côte d’Ivoire [la dispersion des déchets du Probo Koala à Abidjan] aient nuit à la santé des populations ni même qu’ils aient été en capacité de le faire » a déclaré d’entrée dans sa plaidoirie l’avocat de Trafigura.
Les baleines noires
Communiqué n°3
Commission Baleinière Internationale
21-25 juin 2010 Agadir – Maroc
Le Probo Koala à la barre
Entre le 2 et le 5 juillet 2006 dans le port d’Amsterdam, le tanker Probo Koala a déchargé, puis avec l’aval des autorités néerlandaises, rechargé ses déchets chimiques. Après avoir transité par l’Estonie, ils ont été abandonnés à Abidjan, Côte d’Ivoire, en août 2006.
Demain, mardi 1er juin 2010 s’ouvre aux Pays-Bas un procès visant à établir les responsabilités de chacun dans les faits commis à Amsterdam. Naeem Ahmed, dit Skipper, instigateur du concept de raffinerie flottante et planificateur pour Trafigura de l’escale du Probo Koala à Amsterdam devrait s’expliquer le 9 juin de même que Sergueï Chertov, commandant ukrainien et laconique. Lors d’un premier procès, la société Amsterdam Port Services initialement chargée de traiter les déchets a été condamnée à 450.000 euros d’amende et son dirigeant à 240 heures de travaux d’intérêt général dont la moitié avec sursis ; ils vont à nouveau comparaître. Trafigura ne risque rien au regard du désastre d’Abidjan : au maximum, une amende de 1,34 million d’euros.
Probo Koala, le livre
Un bateau insaisissable se moque des Etats dans le monde entier. Il se faufile grâce aux faiblesses des uns et aux complicités des autres, manipulé par une tribu qui recycle en or les bas-fonds des stockages pétroliers. Cet éternel fugitif a semé la mort et la panique en débarquant 500 tonnes de déchets à Abidjan, Côte d’Ivoire.
L’histoire vraie du Probo Koala se vit comme une chronique sociale, un roman policier et un exemple édifiant des délires de la mondialisation.
Au centre de la toile d’araignée, Trafigura, dernier avatar d’une dynastie de traders du pétrole, des métaux et des minerais, dirige ses bateaux fantômes avec beaucoup de créativité et une bonne dose d’adrénaline.