Probo Koala, le livre
Un bateau insaisissable se moque des Etats dans le monde entier. Il se faufile grâce aux faiblesses des uns et aux complicités des autres, manipulé par une tribu qui recycle en or les bas-fonds des stockages pétroliers. Cet éternel fugitif a semé la mort et la panique en débarquant 500 tonnes de déchets à Abidjan, Côte d’Ivoire.
L’histoire vraie du Probo Koala se vit comme une chronique sociale, un roman policier et un exemple édifiant des délires de la mondialisation.
Au centre de la toile d’araignée, Trafigura, dernier avatar d’une dynastie de traders du pétrole, des métaux et des minerais, dirige ses bateaux fantômes avec beaucoup de créativité et une bonne dose d’adrénaline.
Le précédent Ixtoc 1
Note d’information n° 1
Marée noire dans le golfe du Mexique
A partir du 3 juin 1979, le golfe du Mexique subit un désastre écologique et économique dû à l’explosion d’une plate-forme d’exploration du gisement de pétrole IXTOC 1 dans la baie de Campeche. La SEDCO 135, une plate-forme semi-submersible travaille pour le compte de Petroleos Mexicanos (PEMEX). Le plancher de la mer est à moins 52 mètres. Le jour du sinistre, le forage atteint moins 3.657 mètres de profondeur sous les sédiments marins. Une anomalie dans l’injection des boues de forage qui maintiennent le pétrole dans sa cavité géologique sous-marine a provoqué l’éruption du brut au fond de la mer. Le dispositif de fermeture de la tête du puits (BlowOut Preventer, BOP) n’a pas fonctionné. Les vapeurs explosives ont enflammé la plate-forme qui a coulé, recouvert la tête du puits et répandu 3.000 mètres de tuyaux et une nappe de déchets au fond de la mer. La fuite initiale est estimée à 30.000 barils soit 4.770 tonnes par jour. Une intervention de plongeurs sous-marins et de robots pilotés par Red Adair et d’autres experts réussit à enclencher le BOP. Mais la pression est telle que le pétrole arrache les soupapes de sécurité et l’ensemble du dispositif de fermeture.
Probo Koala : Plainte contre les Pays-Bas et l’Estonie
Communiqué commun avec l’association Sherpa
Les associations SHERPA et ROBIN DES BOIS annoncent le dépôt d’une plainte auprès de la Commission Européenne à l’encontre des Pays-Bas et de l’Estonie stigmatisant les manquements de ces États concernant le traitement des déchets toxiques du Probo Koala.
Rappelons que ces manquements ont conduit au déversement illégal en août 2006 de plus de 500m3 de déchets hautement toxiques qui ont entraîné le décès d’au moins 16 personnes, l’intoxication de plus de 100 000 habitants et un préjudice environnemental majeur à Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire.
Probo Koala 3 ans après, c’est toujours la cote d’alerte en Côte d’Ivoire
Oui, dans la phase d’urgence 9.300 tonnes de terres polluées par les déchets du Probo Koala ont été récupérées par le groupe français Trédi entre septembre et décembre 2006 puis incinérées dans l’usine spécialisée de Salaise dans la vallée du Rhône.
Mais malgré l’accord passé en février 2007 entre l’Etat ivoirien et l’affréteur du Probo Koala s’engageant à payer les frais de dépollution, la deuxième phase de retour à la normale est restée en rade d’Abidjan. Il reste environ 3.000 tonnes de terres polluées.
Le Probo Koala, 2 ans après
Le Probo Koala, armateur grec, pavillon Panama, affrété par Trafigura (société franco-helveto-anglo-hellénique) a déchargé à Abidjan, Côte d’Ivoire, il y a deux ans, environ 500 tonnes de résidus d’exploitation contenant du mercaptan et du soufre qui ont ensuite été dispersés dans une quinzaine de lieux publics autour de la capitale ivoirienne. Le bilan initial a fait état de 10 morts et de plusieurs centaines d’intoxiqués. |
Le Probo Koala, navire du type OBO -Ore, Bulk, Oil- était utilisé par l’affréteur Trafigura comme une installation de désulfuration d’essence. Cette opération d’épuration sous-produit des déchets d’exploitation toxiques. Le Probo Koala se livrait à ce type d’opération en route et lors d’escales prolongées en face de Gibraltar (Royaume-Uni). Depuis l’affaire du Probo Koala, ni l’Union Européenne, ni l’Organisation Maritime Internationale n’ont interdit ce genre de raffinage maritime sur l’ensemble des navires ou à bord des navires appartenant à des armateurs européens. De même, aucune clarification n’est intervenue sur la gestion de ces résidus spécifiques d’exploitation.
Lettre ouverte à Mel Gibson
Cher Mel Gibson,
Nous avons lu dans l’article du Lloyd’s List daté du 12 septembre 2007 «From Carbon footprints to CO2 Ship blueprints» que vous apportiez ouvertement votre soutien au projet de conception d’un navire deux fois plus grand qu’un vraquier “capesize” (100-160.000 tpl) afin de transporter du dioxyde de carbone (CO2). « Le directeur de BW Shipping, Andreas Sohmen-Pao, révèle ses ambitions « vertes » et a trouvé un allié en l’acteur Mel Gibson ». L’objectif est d’utiliser le CO2 pour rendre les champs de pétrole et de gaz plus productifs par la technique de récupération renforcée. Plus de 40 millions de tonnes de CO2 sont utilisés en moyenne chaque année aux Etats-Unis pour récupérer le pétrole avec cette technique. La plupart de ce CO2 provient de réservoirs naturels de profondeur alors que 5% sont produits industriellement. Une partie du CO2 utilisé pour la récupération renforcée est stockée dans les puits d’hydrocarbures d’où ils s’echappent à moyen terme, à l’exception du projet pilote de Weyburn au Canada où le CO2 est recapturé et ré-injecté pour une séquestration permanente.
Déchets du Probo Koala : le deuxième scandale
Regroupés en Côte d’Ivoire à partir du mois de septembre 2006, rapatriés en Europe dans le port du Havre à partir de novembre, les déchets déversés à Abidjan et autour, au bord des routes, dans les caniveaux, les terrains vagues, et les décharges urbaines, sont en attente dans la zone portuaire du Havre, dans l’enceinte d’une installation classée et surveillée.
Avant l’arrivée au Havre du premier transport maritime des déchets d’hydrocarbures, l’association Robin des Bois, les associations riveraines de l’incinérateur de déchets industriels de Salaise (38) où les déchets du Probo Koala devraient être incinérés et le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable sont convenus d’une démarche concertée et approfondie tendant à renouveler les modalités de contrôle et d’information du site industriel concerné et à lancer une étude sur les impacts de l’ensemble de la zone industrielle de la plaine roussillonnaise (Péage de Roussillon, Salaise-sur-Sanne).
A la poursuite des Probo Erika
Le 19 février 2007, Monsieur Ziriyo Bogui, Président de la Chambre des Comptes de Côte d’Ivoire a remis au chef de gouvernement, Monsieur Charles Konan-Banny, le rapport de la Commission Internationale d’Enquête sur les Déchets Toxiques déversés dans le district d’Abidjan après le passage du Probo Koala. Grâce à l’initiative du gouvernement de Côte d’Ivoire, deux représentants de Greenpeace et de Robin des Bois ont participé en tant qu’experts aux travaux de cette Commission.
Des informations nouvelles sur le Gulf Jash, ex-Probo Koala
Le 13 octobre 2006, le journal spécialisé Trade Winds annonçait la vente des six OBO dont le Probo Koala par la compagnie grecque Prime Marine Management d’Athènes à la société Gulf Navigation établie à Dubaï. Il en avait été déduit par Robin des Bois que la vente avait été effectuée après le scandale d’Abidjan.
Mais il ressort d’une nouvelle enquête approfondie menée par Robin des Bois que les 6 navires étaient en vente depuis le début de l’année, qu’un marché avait été conclu avec des intérêts norvégiens pour un prix global de 135 Millions US $, que ce marché n’a finalement pas abouti et que les 6 Probo ont été vendus le 9 juin 2006 à Gulf Crude Carriers, filiale de Gulf Navigation. Dans l’état actuel, il n’est pas possible de dire si la tentative de déchargement des slops (déchets d’exploitation) du Probo Koala à Amsterdam le 2 juillet 2006 est liée au changement de propriétaire mais il est possible d’affirmer que depuis le 9 juin 2006 le responsable ultime des opérations de l’ex-Probo Koala est Gulf Navigation et que ce conglomérat financier et sa filiale maritime n’ont pas émis le moindre commentaire ni exprimé la moindre solidarité envers les victimes d’Abidjan.
Les déchets reviennent en Europe
A la suite de l’épandage de déchets toxiques dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Robin des Bois a réclamé leur rapatriement et leur traitement en Europe. La réaction de Robin des Bois s’est fondée sur les pathologies, la mortalité, la panique et les rumeurs qui à partir du 20 août 2006 ont frappé et affolé les populations. L’insuffisance des moyens techniques disponibles sur place et l’intention formulée par les autorités de Côte d’Ivoire de construire un bunker pour les déchets a fini d’étayer la conviction qu’il était indispensable de débarrasser le plus vite possible le sol ivoirien des déchets débarqués du Probo Koala.