Piles: la face cachée
Dans la hotte du Père Noël cette année, de plus en plus de jouets à pile et les cadeaux empoisonnés de l’entreprise ZIMAVAL: 3500 tonnes de piles et de déchets entassés dans la prairie autour de l’usine, dans des big-bags et à ciel ouvert (voir photos ci-jointes); la liquidation judiciaire; des clients bernés: 300 communes, la FNAC, Boulanger, Nature et Découvertes, Surcouf… Tel est le bilan d’une “entreprise leader” dans le recyclage des piles et accumulateurs. Après un an de pseudo-activité, grâce à l’aide financière de l’ADEME, de l’Europe, de l’ANVAR, des collectivités locales, ZIMAVAL, établie à Falaise dans le Calvados, va fermer, laissant sur le tapis des piles venues du monde entier notamment de Taiwan; son directeur déclarait avec compassion en 2001 que la prestation était demandée par un pays qui n’a pas les moyens techniques de traiter les piles. Il ajoutait que “la COGÉMA ne fait pas autre chose en retraitant les déchets radioactifs du Japon”. La filière hydrométallurgique mise au point par ZIMAVAL n’a jamais fonctionné. Elle a pourtant reçu les prix Life environnement 1999 (Union Européenne), Anvar 1999, Ester d’Or 1998 (Technopole de Limoges) et les éloges de plusieurs associations environnementales. Seul a fonctionné dans cette usine un service commercial hyperperformant qui a capté les marchés et les lots de piles et qui a fait payer les prestations de services aux différents clients avant même que le procédé soit opérationnel. Le discours du directeur général de ZIMAVAL a su convaincre les services de l’État, désireux, sous la pression des différents ministères et de l’opinion publique, de développer le recyclage des piles sans prendre en compte le principe de précaution.
Lorient-Le Havre : sous les projets, les bombes.
Le chef d’Etat-Major de la Marine Nationale tire à Lorient les leçons de la douloureuse expérimentation du Havre. Depuis 2 ans, le port autonome du Havre procède au déminage du projet d’extension du port connu sous le nom ” Port 2000 “. Le temps, le coût et l’achèvement de cette dépollution pyrotechnique dans laquelle la Marine Nationale est impliquée souffrent de nombreux dépassements et reports. La dépollution de la partie terrestre du projet a 9 mois de retard. Elle n’a pas commencé alors que les draglines, principaux acteurs du terrassement, sont en place depuis la fin de l’année dernière. Avant même de parler de dépollution, la détection pyrotechnique est incomplète et le plan de gestion-sécurité est absent.
L’indispensable filière géologique
Objet: Mines de Potasse d’Alsace Stocamine
Les Mines de Potasse d’Alsace ferment définitivement après un siècle de production et de pollution par saumure du Rhin, de l’Alsace jusqu’au delta. Cette fermeture anticipée de quelques mois est un bienfait pour l’environnement sans être une catastrophe sociale. Le plan d’accompagnement des mineurs contraints à l’inactivité est substantiel. Rien à voir avec les indemnités de survie des travailleurs de surface comme les Cellatex dans les Ardennes ou les Moulinex en Normandie.
Le Mondial du Pneu
400.000 tonnes de pneus usagés sont sous-produits annuellement par les consommateurs de bitume, soit 60 millions de pneus. Au moins 30 millions sont rejetés chaque année vers des destinations inconnues. Les pneus morts sont aujourd’hui en situation de saturation. Selon une étude réalisée en France par les Eco-maires auprès de 600 de leurs adhérents, 20 % des communes ont des problèmes liés au stockage et à la gestion des pneus usagés abandonnés sur leur territoire et dans les déchetteries.
Les farines animales s’entassent, la concertation trépasse
La Commission Nationale pour l’Information et le Suivi de l’Elimination des Farines Animales (CNISEFA), qui dépend du Premier Ministre, ne s’est pas réunie depuis le 31 janvier 2002. Cette structure d’échange d’informations entre administrations, filières professionnelles, associations de protection de l’environnement et associations de consommateurs, est en sommeil alors qu’émergent les projets d’un stockage géant et d’incinérateurs attrape-tout, et que les préfectures occultent ou distillent les informations.
Arsenic: la cuvée 2002
La décision de retirer les homologations et d’interdire l’usage des pesticides formulés à base d’arsénite de soude a été prise en novembre 2001 par le Ministère de l’Agriculture, avec effet immédiat. Le caractère cancérigène pour l’homme de l’arsénite de soude a motivé cette interdiction. Il est utilisé en viticulture dans des formulations liquides permettant sa pulvérisation. Mais aucun dispositif de collecte des bidons déjà distribués chez les viticulteurs, dans les coopératives, ou encore stockés chez les producteurs n’a été mis en place.
Pneumanie aigüe
Depuis le 4 février dernier, un stock de plusieurs millions de pneus brûle à Artaix, en Saône-et-Loire et dans un climat feutré, pesant et toxique. L’expérience montre que ces brasiers, surtout quand les pneus sont enfouis, sont très difficiles à éteindre définitivement. A Artaix, tous les empilements aériens ont brûlé et les stockages souterrains se consument et dégagent des fumées. Les principaux polluants libérés sont les phénols, les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP), le cadmium, le zinc, le plomb, le soufre et les composés organiques volatils du type toluène et benzène. Le Comité pour l’environnement d’Artaix et des communes voisines et les maires du canton disposent aujourd’hui d’un relevé de conclusions et d’analyses prouvant le caractère potentiellement dangereux de l’incendie. La loi du 13 juillet 1992 dispose qu’à partir de Juillet 2002, la mise en décharge des déchets valorisables sera interdite. Un arrêté ministériel spécifique en date du 9 septembre 1997, interdit l’enfouissement des pneumatiques. Le dispositif réglementaire existe mais la filière technique reste un mirage, sauf dans les cimenteries, seul exutoire homologué mais saturé par le flux des farines animales.
Pneus: le gouvernement se dégonfle
Des millions de pneus brûlent toujours à Artaix (Saône-et-Loire). Des pollutions atmosphériques importantes sont reconnues par la préfecture. Il est recommandé aux habitants qui, sans attendre la levée des mesures d’évacuation ont regagné leur domicile, “de ne pas s’exposer inutilement à l’extérieur”.
Cependant, une telle mesure de précaution ne peut pas être prise pour la faune sauvage, ni pour les animaux d’élevage (boeufs charolais et chèvres en particulier). De même, de très nombreuses ruches sont en activité dans les environs. Les productions agricoles et potagères ont, elles aussi, été exposées aux retombées de suies, poussières, et fumées toxiques. En conséquence des prélèvements et des analyses devraient être régulièrement effectués pendant plusieurs mois, afin de déterminer la migration des polluants dans les chaînes alimentaires, dans les puits, dans les citernes et les châteaux d’eau, et dans les eaux superficielles et souterraines.
Un gratte-ciel de pneus en feu
3 millions et demi de pneus sont en cours de combustion à Artaix en Saône-et-Loire. Les 35 personnes évacuées le resteront pendant plusieurs jours car les incendies de pneus sont réputés inextinguibles jusqu’à l’épuisement des stocks. Les principaux sous-produits toxiques issus de la combustion sont les hydrocarbures polyaromatiques, les composés organiques volatils, comme le benzène, toluène et xylène, le soufre, les phénols, le zinc et le cadmium. Une fois éteint, le stock devra être surveillé pendant plusieurs semaines: des reprises de feu ont été constatées lors de précédents sinistres.
Un port très autonome
Robin des Bois a écrit le 18 octobre dernier au Président de la République, au Premier Ministre, au Ministre de l’Environnement, au Ministre de l’Emploi et au Ministre des Transports pour demander une nouvelle fois qu’une étude globale des risques soit réalisée pour la zone de Port 2000, incluse dans le périmètre de l’effet thermique (boil over) du stockage pétrolier de la Compagnie Industrielle Maritime -CIM-. Malgré les déclarations consécutives à la catastrophe de Toulouse, l’État est resté muet à ces courriers ainsi qu’aux interpellations émises durant les débats régionaux de Basse et Haute-Normandie et le débat national sur les risques industriels. La CIM, qui sera coincée entre le nouveau port et le port existant, est soumise à la directive Seveso II. Cette directive dispose en outre que les installations portuaires, les pipelines, et les gares de triages peuvent être assimilés à des installations dangereuses. Le Port Autonome du Havre a annoncé la semaine dernière qu’une étude serait disponible “courant 2002”.