A la poursuite des Probo Erika
Le 19 février 2007, Monsieur Ziriyo Bogui, Président de la Chambre des Comptes de Côte d’Ivoire a remis au chef de gouvernement, Monsieur Charles Konan-Banny, le rapport de la Commission Internationale d’Enquête sur les Déchets Toxiques déversés dans le district d’Abidjan après le passage du Probo Koala. Grâce à l’initiative du gouvernement de Côte d’Ivoire, deux représentants de Greenpeace et de Robin des Bois ont participé en tant qu’experts aux travaux de cette Commission.
Les perd-conteneurs (bis)
Après l’échouage du Rokia Delmas (cf communiqué du 25 octobre 2006 « l’Abeille et le perd-conteneurs ») un nouveau porte-conteneurs est en difficulté sur la façade Atlantique française.
La compagnie MSC est malheureusement habituée à ce genre d’évènements. En novembre 1997, le MSC Carla s’est cassé en deux à 300 milles des Açores. Entre 1.000 et 1.200 conteneurs ont coulé avec la partie avant par 3.000 m de fond ou se sont dispersés à la surface de l’eau. Le MSC Carla avait été jumboïsé en 1984 et cette opération de rallongement a été mise en avant pour expliquer la rupture franche du porte-conteneurs alors que les conditions de mer n’étaient pas difficiles. La partie arrière du navire a pu être remorquée jusqu’aux îles Canaries et être déchargée. Il y avait environ 300 conteneurs de matières dangereuses à bord du MSC Carla dont 3 sources radioactives scellées fabriquées en France et destinées à des hôpitaux américains. Stockées à l’avant du porte-conteneurs, elles ont été englouties avec des milliers de bouteilles d’Armagnac, de Cognac, et de vins de Bordeaux. Le MSC Carla battait pavillon panaméen.
Des informations nouvelles sur le Gulf Jash, ex-Probo Koala
Le 13 octobre 2006, le journal spécialisé Trade Winds annonçait la vente des six OBO dont le Probo Koala par la compagnie grecque Prime Marine Management d’Athènes à la société Gulf Navigation établie à Dubaï. Il en avait été déduit par Robin des Bois que la vente avait été effectuée après le scandale d’Abidjan.
Mais il ressort d’une nouvelle enquête approfondie menée par Robin des Bois que les 6 navires étaient en vente depuis le début de l’année, qu’un marché avait été conclu avec des intérêts norvégiens pour un prix global de 135 Millions US $, que ce marché n’a finalement pas abouti et que les 6 Probo ont été vendus le 9 juin 2006 à Gulf Crude Carriers, filiale de Gulf Navigation. Dans l’état actuel, il n’est pas possible de dire si la tentative de déchargement des slops (déchets d’exploitation) du Probo Koala à Amsterdam le 2 juillet 2006 est liée au changement de propriétaire mais il est possible d’affirmer que depuis le 9 juin 2006 le responsable ultime des opérations de l’ex-Probo Koala est Gulf Navigation et que ce conglomérat financier et sa filiale maritime n’ont pas émis le moindre commentaire ni exprimé la moindre solidarité envers les victimes d’Abidjan.
Les déchets reviennent en Europe
A la suite de l’épandage de déchets toxiques dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire, Robin des Bois a réclamé leur rapatriement et leur traitement en Europe. La réaction de Robin des Bois s’est fondée sur les pathologies, la mortalité, la panique et les rumeurs qui à partir du 20 août 2006 ont frappé et affolé les populations. L’insuffisance des moyens techniques disponibles sur place et l’intention formulée par les autorités de Côte d’Ivoire de construire un bunker pour les déchets a fini d’étayer la conviction qu’il était indispensable de débarrasser le plus vite possible le sol ivoirien des déchets débarqués du Probo Koala.
L’Union Européenne s’enferme dans sa tour d’ivoire
Le Probo Koala dont l’armateur était alors installé à Athènes est resté en rade de Gibraltar, enclave sous tutelle de la Grande-Bretagne, à partir d’avril 2006. Il a dans le même temps fait des incursions dans le port espagnol d’Algésiras et le port tunisien de Skhira spécialisé dans les produits pétroliers. Le Probo Koala s’est livré en Méditerranée à des activités de stockage flottant de composants d’essence et de désulfuration primaire de naphta, la coupe pétrolière de base du carburant. C’est ainsi qu’a été produite sur le territoire européen de l’essence à très haute teneur en soufre destinée au marché africain, alors que la réduction de la teneur en soufre des carburants utilisés en Afrique fait partie des objectifs prioritaires du PNUE. Le Probo Koala a quitté Gibraltar le 26 juin pour arriver à Amsterdam le 2 juillet où il était prévu qu’il décharge ses déchets d’exploitation en conformité apparente avec la convention internationale Marpol et la directive européenne sur les déchets d’exploitation des navires et les résidus de cargaison.
L’Abeille et le perd-conteneurs
Le manque d’un remorqueur de haute mer spécialisé dans l’assistance aux navires en difficulté au sud de la Bretagne avait été identifié après le naufrage de l’Erika, il y a 7 ans. Le pré-positionnement de l’Abeille Languedoc à La Rochelle-La Pallice en janvier 2006 faisait suite à ce constat et a été considéré par tous les observateurs et acteurs du monde maritime comme un progrès décisif.
La question se pose donc de savoir à quelle tâche prioritaire et très éloignée l’Abeille Languedoc était dédiée entre 4 et 5 h du matin dans la nuit du 23 au 24 octobre 2006, quand dans son approche du port de La Rochelle-La Pallice le Rokia Delmas est parti à la dérive suite à une avarie électrique générale et aux très mauvaises conditions météorologiques annoncées. L’Abeille Languedoc est arrivée sur les lieux 10 heures après l’échouage du Rokia Delmas.
Pire que le secret défense
Les analyses des déchets déchargés et rechargés par le Probo Koala début juillet 2006 à Amsterdam et répandus au mois d’août à Abidjan en Côte d’Ivoire après avoir transité à Paldiski en Estonie sont tenues secrètes par leurs divers détenteurs au motif qu’elles font partie des instructions judiciaires.
Maintenant que les déchets ont été décapés, regroupés et conditionnés avec des précautions maximales, et que le départ d’Abidjan du 1er navire est prévu dans le courant de la semaine prochaine, il est indispensable que toutes les analyses détenues par les Pays-Bas, l’Estonie ou d’autres pays européens comme le Royaume Uni -le Probo Koala est resté au large de Gibraltar de la mi avril au 26 juin 2006- soient publiées et confrontées. La caractérisation exacte des déchets est juridiquement nécessaire à l’achèvement d’un dossier d’importation en Europe dans le cadre de la Convention de Bâle qui est désormais l’instrument international incontestable puisque les déchets après avoir été déposés sur le sol ivoirien ont perdu la qualification de déchets d’exploitation des navires qui leur était attribuée et qui les plaçaient sous le contrôle de la Convention Marpol de l’OMI. La caractérisation exacte des déchets en particulier les teneurs en chlorés et en sulfures est indispensable pour la sélection des sites et des modalités d’élimination en Europe.
Le business continue pour le Probo Koala
On vous l’avait bien dit (cf invitation à la conférence de presse tenue le 25 septembre 2006 à Abidjan) : le Probo Koala a été vendu par l’armateur grec Prime Marine Management en même temps que ses autres OBO carriers (transporteurs combinés minerai, vrac, pétrole).
Le contrat de vente des 6 OBO s’établit à 136 millions de dollars. Il est déplorable que le produit de la vente du Probo Koala ne soit pas versé à la Côte d’Ivoire en vue de contribuer partiellement aux réparations des dommages infligés à la population d’Abidjan et aux frais de regroupement des déchets déversés dans une quinzaine de sites autour et au cœur de la capitale de la Côte d’Ivoire. Avec le Probo Koala ont été vendus le Probo Bear, le Probo Elk, le Probo Emu, le Probo Panda (qui n’a rien à voir avec le WWF) battant tous pavillon des Iles Marshall alors que le Probo Koala bat pavillon de Panama .
Des entraves pour la mission administrative ivoirienne en Estonie
Note d’information n°5
La mission administrative nommée par le gouvernement de la Côte d’Ivoire suite au déversement à Abidjan de déchets débarqués du navire Probo Koala s’indigne de l’accueil qu’elle vient de recevoir à Tallinn en Estonie.
D’une part l’Estonie est un pays européen signataire de la convention MARPOL, de la convention de Bâle, du Mémorandum de Paris sur l’inspection des navires dans les états des ports, et assujetti à la directive européenne sur les installations de réception portuaires pour les déchets d’exploitation des navires et les résidus de cargaison. Ces quatre instruments de droit international sont susceptibles d’avoir interféré dans la gestion des déchets du Probo Koala.
Déchets de Côte d’Ivoire : retour à l’expéditeur
Les déchets toxiques épandus en Côte d’Ivoire les 19 et 20 août 2006 sont en cours de récupération, de conditionnement, de regroupement comme a pu le constater Robin des Bois à Abidjan. Etant donné que ces déchets ont été déposés il y a plus d’un mois, le curage des dépôts va générer une quantité finale supérieure à la quantité initiale d’environ 500 tonnes. Il est indispensable pour apaiser l’inquiétude des populations d’Abidjan que l’ensemble des déchets quitte la Côte d’Ivoire et revienne vers leur point de départ , c’est-à-dire l’Europe (Cf communiqué « Pour un charter des déchets » du 12 septembre 2006). Il n’y a pas au Pays-Bas, ni en Estonie d’installation susceptible d’éliminer par traitement thermique ces déchets annoncés comme des déchets d’exploitation des navires qui auraient dû être déchargés dans les ports d’Amsterdam ou de Paldiski. Ces installations sont disponibles dans divers pays européens comme la Finlande, l’Allemagne, la Belgique, et la France. Quels que soient le ou les sites de traitement sélectionnés après validation des différentes analyses contradictoires, il conviendra d’organiser une information du public et d’éviter les phénomènes de rejets qui ont été observés en 1988 quand des déchets frauduleusement stockés au Nigeria sont revenus en Europe à bord du Karin B (cf dossier de presse Robin des Bois de la conférence à Abidjan, chapitre « La première vague et le reflux » ou l’article sur le Karin B dans la Flèche et le Marin).