Bulletin « A la Trace » n°2
Engagez-vous dans 80 pages de beauté et de cruauté, accrochez-vous aux branches comme ce gibbon à bonnet, peluche souveraine et vulnérable encore en liberté, allez au fond du cyanure et des ananas empoisonnés, survivez aux flèches d’Etorphine, magouillez avec un marchand de meubles à la recherche de l’ivoire, connaissez les ruses des chasseurs piégeurs de tigres, chassez les antilopes cervicapre avec des stars de Bollywood, roulez vers la Chine avec 2.000 cornes d’antilopes saïga d’une valeur de 22 millions de dollars, regardez en face le bébé chimpanzé dans son pauvre sac de plastique sur un marché du Cameroun, partagez le sort de milliers d’oiseaux et d’animaux, migrants involontaires arrachés à leur milieu naturel, dérivez dans la rivière avec le cadavre d’un éléphant mutilé et découvrez la position de la France sur le devenir des stocks d’ivoire illégal, mangez du dauphin du Gange, rendez hommage aux rangers et gardiens de la faune sauvage morts sous les coups des braconniers …
Robin des Bois les suivra A la Trace
Robin des Bois publie aujourd’hui le numéro 1 d’A la Trace, bulletin trimestriel d’information et d‘analyses sur le braconnage et la contrebande d’animaux menacés d’extinction.
206 évènements liés à des braconnages, des saisies, des arrestations et des condamnations survenus en Afrique, en Australie, en Amérique, en Europe et en Asie sont rapportés. Cette vision panoramique de la cruauté et de la criminalité envers la faune sauvage entre le 1er avril et le 30 juin 2013 fait frémir et réfléchir.
« Le Beau Mâle », le parfum qui tombe mal
Boycottez le « Beau Mâle ». Malgré les protestations de Robin des Bois (1) et de groupes environnementalistes en Grande-Bretagne, des affiches publicitaires dans le métro parisien et dans les villes font la promotion du nouveau parfum de Jean-Paul Gaultier. Un mannequin nu et tatoué vautré sur une espèce en voie de disparition vante « Le Beau Mâle ». Alors que les ours polaires sont décimés par la chasse et les contaminations chimiques et que la communauté internationale vient de refuser de les protéger du commerce mondial, cette publicité tombe mal. Certes, la tête d’ours et la pelisse sont synthétiques comme tous les composants de ce parfum décliné en gel douche et en déodorant, cependant cette image fait appel à des clichés démodés. « C’est de l’humour au 1.000ème degré » dit-on du côté de Jean-Paul Gaultier. Pour Robin des Bois, c’est du mauvais goût total et une erreur de communication.
S’il te plait, tu veux bien rallumer les espèces ?
CITES à Bangkok
Communiqué n°8
Les espèces animales s’éteignent. La plénière de la CITES – Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – à Bangkok a été l’occasion d’enterrer définitivement et sans cérémonie le Thylacinus cynocephalus et quelques espèces rayées de la planète en un siècle. Leurs arbres généalogiques remontaient à plusieurs millions d’années. Les extinctions s’accélèrent.
Ces catastrophes biologiques ne sont pas provoquées par des ruptures climatiques, des mutations géologiques ou des inadaptations fonctionnelles. L’homme en est le chef d’orchestre par des manipulations ou des introductions hasardeuses et par l’exploitation radicale de ses environnements.
Le capitalisme de l’extinction
Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, 18h00 (heure locale)
Communiqué n°7
Tirer des profits des extinctions d’espèces, c’est effectivement une filière d’avenir que la CITES – Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – s’attache à développer.
Dans la perspective d’une réouverture du commerce international de l’ivoire, le secrétariat de la CITES a lancé en août 2011 un appel d’offres pour la réalisation d’une étude « indépendante ». L’appel d’offres a été remporté par des consultants spécialisés d’Afrique australe. Parmi les 5 auteurs, on peut noter la présence de Rowan Martin, directeur des recherches sur la faune sauvage au Zimbabwe et Debbie A. Peake, l’un des meilleurs taxidermistes du Botswana. La recommandation majeure de l’étude est de fonder le CISO (Central Ivory Selling Organisation), un office unique de la vente d’ivoire. Le CISO fonctionnerait sur le modèle du Diamond Trading Company (DTC) mis au point il y a plus de 100 ans par la Compagnie De Beers : un siège unique, un directoire nommé par les principaux Etats producteurs, des ventes régulières aux transformateurs privés ou gouvernementaux reconnus et attitrés, des circuits courts réduisant les risques de mélange avec de l’ivoire illégal. Les ventes inter-africaines seraient interdites. Le rapport estime qu’il serait possible de « récolter » 8 tonnes d’ivoire par an par unité de 10.000 éléphants soumis à la chasse, à l’abattage volontaire et à la mort naturelle. Les auteurs soulignent que cette exploitation est envisageable à la condition qu’il n’y ait pas de désordres civils ou de conflits armés dans les pays producteurs. Dans le rapport, l’ivoire est un minerai détaché de toute considération biologique, éthique et culturelle.
CITES : votez blanc !
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, 19h00 (heure locale)
Communiqué n°6
Que les Etats-Unis, la Russie et l’Union Européenne portent cette semaine en séance plénière de la 16ème assemblée de la CITES* une proposition commune sur les ours polaires, tel est le message de Robin des Bois à Bangkok.
Cette nouvelle proposition du dernier recours pourrait interdire le commerce international des ours polaires en provenance des 8 sous-populations en déclin régulier. Elle serait moins contraignante que l’Annexe I –interdiction du commerce international pour toutes les populations – et serait donc susceptible de recueillir plus de suffrages que la proposition initiale des Etats-Unis. Le déclin de certaines sous-populations est reconnu par tous, y compris le Canada. Dès 1991, le Canada considérait que le sort de l’ours polaire soulevait de graves inquiétudes. Les ours polaires dans le secteur Ouest de la baie d’Hudson sont spécialement visés.
Raie Manta
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, 17h50 (heure locale)
Note d’information
Raies Manta (Manta spp): la proposition d’inscription en Annexe II du Brésil, de la Colombie et de l’Equateur a été acceptée par 96 voix pour, 23 contre et 7 abstentions (vote à bulletin secret à la demande du Cambodge). La Thaïlande a soutenu cette proposition. Les raies Manta peuvent avoir jusqu’à 7 m d’envergure. Les populations sont très fragmentées. La croissance est très lente. Elles atteignent leur maturité sexuelle à 10 ou 15 ans. La période de gestation est de 10 à 14 mois. Elles donnent naissance à un petit tous les 2 à 3 ans. Elles sont pêchées pour leurs plaques branchiales utilisées dans la pharmacopée asiatique. Ce marché est estimé à 3,8 millions d’euros/an. Les grossistes font beaucoup de profit, les pêcheurs très peu. Les revenus directs du tourisme de plongée pour observer les raies Manta atteignent d’ores et déjà à travers le monde 58 millions d’euros.
Les requins se rebiffent
Convention sur le Commerce International des Espèces de Faune et de Flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, – 17h00 (heure locale – 11h00 à Paris)
Communiqué n°5
Sur 35.000 espèces animales et végétales inscrites aux annexes de la CITES*, seuls 15 poissons figurent à l’Annexe I et 81 à l’Annexe II. Les pêcheries sont stratégiques et politiques. Elles alimentent l’humanité en même temps que les revendications territoriales océaniques. A Bangkok, le thon rouge a malheureusement disparu de tous les écrans de contrôle. En revanche, les requins sont revenus à la charge.
Le « Beau Mâle », le parfum qui tue
Une publicité pour le parfum de Jean-Paul Gaultier met en scène un beau mec et des dépouilles d’ours polaires.
Les ours polaires sont menacés d’extinction. La chasse vise en priorité les mâles. Les ours polaires sont aussi menacés par la contamination chimique de l’Arctique, les pollutions sonores, la pénurie alimentaire et les dérèglements climatiques.
Bien entendu l’authenticité de ces parties d’ours polaires à usage publicitaire n’est pas garantie. Mais l’image véhicule la croyance dans les vertus du charme et de la virilité des parures animales. Au moment où la CITES – Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction – vient de refuser l’inscription à l’Annexe I (1) de l’ours polaire, cette publicité est particulièrement mal venue.
Embargo sur les sirènes
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction
CITES 2013 – Bangkok, 16h45 (heure locale)
Communiqué n°4
Les lamantins des Caraïbes et les lamantins de l’Amazone sont inscrits à l’Annexe I de la CITES depuis 1975.
Il a fallu attendre 38 années pour que le lamantin d’Afrique de l’Ouest (Trichechus senegalensis) bénéficie de cette protection. Son commerce international est désormais interdit. La proposition du Sénégal, du Bénin et de la Sierra Léone a été acceptée par consensus. L’effectif des lamantins d’Afrique de l’Ouest est aujourd’hui estimé à moins de 10.000 individus répartis dans les eaux côtières et estuariennes de 21 pays. Ils atteignent une longueur de 3 à 4 mètres et un poids de 300 à 500 kg. Des individus exceptionnels peuvent atteindre 4 mètres de long et peser plus de 1.000 kg Les lamantins sont exclusivement herbivores. Ils sont communément qualifiés de vaches marines. Avec 30 kg de plantes aquatiques consommées chaque jour, ils sont considérés comme le meilleur moyen biologique de lutter contre la colonisation des milieux aquatiques par les espèces végétales invasives comme les jacinthes d’eau douce.