Sevmorput, suite et fin, enfin presque

30 déc. 2020

Communiqué n°9 – 11h20

Le porte-conteneurs atomique Sevmorput a jeté l’ancre à 10h20 heure française dans la baie de Néva devant Saint-Pétersbourg avec son hélice amputée de 2 pales, 97 membres d’équipage et techniciens et sans son commandant. Il avait quitté Saint-Pétersbourg à destination de l’Antarctique le 5 octobre 2020 avec une hélice neuve à 4 pales et 5000 tonnes de marchandises diverses destinées à la reconstruction de la station scientifique Vostok. En septembre, il avait déchargé à Saint-Pétersbourg 5000 tonnes de produits de la mer en provenance du Kamtchatka via Mourmansk. La mission prestigieuse du Sevmorput était donc de réussir une première mondiale, la traversée pôle Nord-pôle Sud par un cargo à propulsion nucléaire.

Huit communiqués de Robin des Bois ont déjà retracé l’avarie et les péripéties du porte-conteneurs atomique russe (1).

La vérité n’est pas encore entièrement dévoilée. Les causes et toutes les conséquences de la perte initiale d’une pale devant l’Angola ne sont pas connues et l’épisode de l’évacuation sanitaire du commandant devant les îles Canaries garde sa part de mystère d’autant que par un très prompt rétablissement, il était 2 jours après à Moscou.

La France a pris la précaution d’escorter le Sevmorput dans la plus grande partie des eaux atlantiques placées sous sa juridiction et les 3 remorqueurs de haute mer affrétés par la marine nationale ont rempli leur mission de Saint-Bernard des mers malgré des conditions météorologiques difficiles et tout en restant disponibles pour répondre à d’autres alertes.

La plupart des autres pays de l’Union Européenne se sont contentés des déclarations de l’armateur russe et du commandement du Sevmorput selon lesquelles il n’y avait aucun problème sur le réacteur nucléaire. Ils ont laissé sans escorte le Sevmorput en avarie évoluer dans leurs Zones Economiques Exclusives et dans leurs eaux territoriales au milieu d’un trafic dense de pétroliers, de chimiquiers et autres navires de commerce.

La vitesse du Sevmorput pendant sa remontée périlleuse à pleine charge vers Saint-Pétersbourg a été en moyenne de 11 nœuds (20,4 km/h) avec des ralentissements notables au large de Brest, Dunkerque et Rotterdam.

La Convention Marpol pour la prévention de la pollution marine par les navires est très prescriptive en ce qui concerne les rejets d’hydrocarbures et de soufre mais n’a jamais fixé de seuils limites des rejets radioactifs par les navires de commerce à propulsion nucléaire en fonctionnement normal ou en situation dégradée. L’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) et la Convention OSPAR pour la protection de l’Atlantique du Nord-Est observent la même discrétion à ce sujet. Aucun texte international n’est en vigueur ou même en projet sur la désignation d’abris refuge pour les navires ou sous-marins à propulsion nucléaire en cas de nécessité impérieuse. Alors que la Russie vient de mettre en exploitation une centrale nucléaire flottante en Arctique et que d’autres pays comme la France font officiellement ou en sourdine la promotion de la propulsion nucléaire navale à usage militaire ou civil, ces vides juridiques et techniques doivent être comblés au plus vite.

Le Sevmorput reprendra-t-il la mer l’année prochaine pour l’Antarctique ou ira-t-il enfin à la casse ? A suivre.

(1) Publications de Robin des Bois sur le Sevmorput :
Sevmorput – mise à jour – communiqué n°8
Nouvelle position du Sevmorput, 23 décembre 2020 – communiqué n°7
SAVEmorput, 21 décembre 2020 – communiqué n°6
Problèmes techniques et sanitaires à bord du Sevmorput, 17 décembre 2020, 14h00 – communiqué n°5
Un navire atomique en avarie se dirige vers l’Europe, 14 décembre 2020 – communiqué n°4
Dernière minute. Le Sevmorput en avarie au large de l’Afrique, 25 novembre 2020 – communiqué n°3
Le Sevmorput en avarie au large de l’Afrique, 19 novembre 2020 – 15h30- communiqué n°2
Un cargo atomique louvoie vers l’Antarctique, 10 novembre 20202013- « A la Casse », Bulletin d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie, n°31, pdf 90 pages, 6.54 Mo, cf. page 84.
2014- « A la Casse », Bulletin d’information et d’analyses sur les navires en fin de vie, n°34, pdf 56 pages, 6,4 Mo, cf. page 12.

 

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