Tours-sur-Amazone
A Tours les maîtres-d’oeuvre de la passerelle de 235 m de long sur le Cher, dont la construction vient de débuter, veulent piétiner la biodiversité amazonienne tout en ignorant les richesses forestières de la région Centre.
730 m2 de platelage en Angelim vermelho (Dinizia excelsa) sont prévus par l’entreprise Freyssinet pour équiper l’ouvrage. L’aire de répartition de l’Angelim vermelho, du bassin amazonien au plateau des Guyanes, est une jungle d’exploitations forestières non-durables, dont beaucoup agissent dans l’illégalité. Les arbres coupés ne sont jamais replantés, les forêts résiduelles après exploitation sont incendiées pour laisser place à des monocultures ou des élevages extensifs. La Guyane française ne produit pas d’Angelim vermelho.
Selon Alain Spielmann, architecte de la passerelle, le bois fourni par Freyssinet proviendrait du Surinam. Les sociétés forestières malaisiennes, indonésiennes et chinoises exploitent massivement les forêts de ce pays, dégradant d’immenses surfaces – au total 1,5 million d’hectares de concessions – pour s’assurer un volume industriel d’essences d’exportation à bas prix.
L’impair d’argent
Objet: remise de “l’Equerre d’argent”à l’architecte Marc Mimram
La remise du prix de “l’Equerre d’argent” aujourd’hui par Madame Tasca, ministre de la Culture, à Marc Mimram, architecte et maître-d’oeuvre de la passerelle Solférino à Paris, ne récompense que l’utilisation exclusive de bois tropicaux surexploités, coupés dans des forêts primaires menacées, et promotionnés par des filières commerciales aux mauvaises pratiques.
Les dés sont ipé
La passerelle Solférino en plein cœur de Paris va susciter un tollé. Inscrite dans la série des évènements parisiens de l’an 2000, son inauguration est prévue à l’automne 1999. Son coût total est de 100 millions de francs payés par le ministère de la Culture et le ministère de l’Equipement.
Elle sera, selon les exigences et les habitudes de son architecte-concepteur le cabinet MIMRAM, hyper exotique : 50 m3 d’iroko pour les pièces de rives, 20 m3 de doussié pour les mains-courantes et 2000 m2 d’ipé pour les planchers. Cette juteuse balance de bois d’Afrique et d’Amérique du Sud a déjà été mise en œuvre à la Bibliothèque Nationale de France (BNF) par son collègue Dominique Perrault.
Robin des Bois et la marche pour les forêts du monde
Organisée par l’association “Aux pieds de mon arbre”, la longue marche de Brocéliande à Fontainebleau a commencé à Plélan-le-Grand, le dimanche 18 octobre, jour de marché. La première étape à travers des routes départementales a été l’occasion de vérifier que la Bretagne sent le lisier et qu’elle est envahie par la monoculture du maïs, les boues de l’ensilage et les plans d’eau coquets et illégaux. Le nombre de pavillons ou de maisons anciennes rénovées avec des menuiseries extérieures en bois tropical asiatique, américain ou africain est considérable. La Bretagne, de par la proximité des ports de Nantes, de la Rochelle et de Saint-Brieuc a toujours été encline à utiliser les bois coloniaux. Dès le début du siècle, les boules des pieds de bar étaient en bois de movingui (Disthemonanthus benthamianus) réputé imputrescible.
RENNES METROPICALE
L’usage du bois tropical dans la métropole bretonne est intensif. La direction des infrastructures, l’emploie sur les passerelles traversant l’Ille ou la Vilaine, les services de la voierie pour le mobilier urbain et le mobilier de « propreté », la Direction Départementale de l’Equipement pour les murs anti-bruit autour des rocades péri-urbaines.
Les habitants de Rennes disposent d’un maillage dense de grandes surfaces de distribution où du bois tropical débarqué brut dans les ports de Nantes et La Rochelle est vendu après transformation par l’industrie bretonne et vendéenne sous forme de meubles et de menuiseries. La banalisation des bois tropicaux et leur utilisation à contre-emploi témoignent de l’indifférence des techniciens et des consommateurs à l’exploitation des dernières forêts primaires de la Terre.