L’avant, l’après et le pourquoi d’un naufrage dans la Manche – n°2
Robin des Bois approuve sans réserves la décision du préfet maritime de la Manche et de la mer du Nord de réaliser avec l’Abeille Liberté une tentative de remorquage de l’épave renversée du Britannica Hav vers le port du Havre.
L’avant, l’après et le pourquoi d’un naufrage dans la Manche
Le Deborah, chalutier belge (photo n°1) se met le 18 mars au matin en action de pêche en plein rail de la Manche par où transitent chaque année plus de 70.000 navires de commerce et 500 millions de tonnes de matières dangereuses, un peu comme si un collecteur de papiers gras et de champignons travaillait jour et nuit sur l’autoroute du nord et au bord de la bande d’urgence.
Le Modern Express. Redressé mais pas sans tort
Il a été remis dans le bon sens le 22 février. « Pour les besoins de l’enquête », les autorités espagnoles ont interdit l’accès au navire jusqu’au 26 février y compris pour les experts, les armateurs, les affréteurs ou leurs représentants.
En terme technique, le Modern Express est un roulier (Ro Ro, Roll On/Roll Off) PCTC – Pure Car and Truck Carrier – autrement dit dédié exclusivement au transport de matériel roulant.
Le Modern Express était chargé de 3600 t de bois ou 4089 t selon les versions, réparties en 4 essences, okan, azobé, movingui, tali et d’engins de chantiers. Les bois précieux devaient être débarqués au Havre et étaient destinés à des entreprises européennes.
Modern Express : le fardeau du bois
Communiqué Modern Express n°5
Selon son affréteur, European Roro Lines, le Modern Express transportait 3600 tonnes de fardeaux de bois en planche. Le directeur de l’ERL France souligne que les transporteurs de voitures et autres matériels roulants ne sont pas adaptés au transport de bois en grume (1).
Est-ce que pour autant les navires de la catégorie du Modern Express sont adaptés au transport de bois en fardeaux ? S’ils sont insuffisamment cerclés et mal saisis dans les ponts-garage du navire, ils peuvent se disloquer et basculer. Les planches par milliers de tonnes risquent alors de s’amasser sur un des bords du navire et d’entraîner une gîte irréversible.
Modern Express : y a-t-il des passagers clandestins à bord ??
Communiqué Modern Express n°3
Les annales montrent que les passagers clandestins candidats à l’immigration cherchent à embarquer dans les ports d’Afrique de l’ouest avec ou sans la complicité des agents portuaires et des équipages pour accéder aux ports d’Europe du nord.
En France, les ports les plus touchés par ces tentatives dont l’issue est souvent tragique sont Marseille, Sète, la Rochelle, Nantes-Saint Nazaire, le Havre et Rouen.
Le port à bois d’Owendo au Gabon d’où est parti le Modern Express est connu pour être un point de ralliement de ressortissants de plusieurs pays d’Afrique de l’ouest cherchant à rejoindre l’Europe.
Il va où ?
Communiqué Modern Express n°2
La Directive européenne du 27 juin 2002 modifiée demande aux Etats-membres d’établir des plans pour accueillir les navires en détresse dans leurs ports ou dans tout autre endroit protégé dans les meilleures conditions possibles.
Le Modern Express maintenant sous remorque prend pour l’instant la direction du large. Il est compréhensible que la volonté des autorités maritimes françaises soit de l’éloigner dans un premier temps d’un littoral inhospitalier.
Le voyage en solitaire du Modern Express
Le scenario du navire qui ne veut pas couler est un cas d’école connu des sauveteurs en mer et des préfectures maritimes depuis la dérive du Liberty ship Flying Enterprise dans la Mer de la Manche en hiver 1952. Une différence notable avec le Modern Express est que le commandant était resté à bord jusqu’au bout avant d’être évacué après 15 jours de dérive et de vains efforts pour remettre en équilibre le navire.
Bien qu’il soit relativement récent, il a été constaté sur le Modern Express dans le port d’Anvers de multiples défaillances depuis 2012.
Frissons en Antarctique
Coup sur coup, 2 paquebots viennent d’être victimes d’avaries graves dans les eaux australes.
Le Boréal, battant pavillon français a subi un incendie et une panne générale de propulsion. 79 passagers ont été hélitreuillés depuis le pont par des hélicoptères anglais Sea King basés sur les îles Malouines. 200 passagers et membres d’équipage regroupés sur 2 chaloupes de sauvetage ont été secourus par le HMS Clyde de la Royal Navy. Le Boréal avait quitté Ushuaia en Argentine le 15 novembre pour une croisière de 15 jours en Antarctique. Coup de chance, l’incendie dans le compartiment machines s’est déclaré seulement 3 jours après le départ, dans des circonstances météorologiques favorables et à portée des moyens de sauvetage disponibles. Le Boréal est présenté par son armateur, le Ponant (ex Compagnie des Îles du Ponant), comme un « yacht rare et innovant sur le marché des navires de croisière ».
Tianjin : comme si de rien n’était
Le CMA CGM Christophe Colomb était à Tianjin du 12 août au 17 août. Le porte-conteneurs français est attendu à Southampton et à Dunkerque les 20 et 22 septembre. Il a été longuement exposé aux pollutions atmosphériques qui ont suivi les explosions et incendies survenus à partir du 12 août dans les parcs logistiques du port chinois.
Note d’information : migrants en Méditerranée
Les informations qui circulent dans la presse française et mondiale selon lesquelles un bateau de pêche de 20 à 30 m de long aurait transporté 800 à 1000 personnes à partir de la Libye et à destination de l’Union Européenne sont absurdes. C’est prendre les migrants pour des thons.
Ou bien le bateau mesurait 20 à 30 m de long et transportait quelques dizaines de personnes, ou bien il était 4 fois plus long (et plus large) et il en transportait quelques centaines.
Le manque de transparence et d’exactitude des autorités chargées de vérifier et de délivrer les informations à ce sujet induisent de la désinformation.