La baie d’Alang sous la menace radioactive de 3 navires européens
Coup sur coup, la baie d’Alang, Etat du Gujarat, Inde, les plages et les ouvriers accueillent 3 navires appartenant à des armateurs européens susceptibles de contenir des “points chauds” de radioactivité.
1- Le BBC Shanghai, transporteur de déchets radioactifs notamment entre la France et l’Australie (Cf. “BBC Shanghai, un risque radioactif pour l’Asie“, 12 septembre 2017)
2- L’Atlantic Cartier construit en 1985 à Dunkerque, France. Il bat pavillon suédois. C’est un roulier porte-conteneurs capable dans sa configuration initiale de transporter 2100 boîtes et 600 voitures. Il a été jumboïsé en 1987. L’Atlantic Cartier a été victime d’un incendie majeur dans le port de Hambourg dans la nuit du 1er mai 2013.
Le Rio Tagus s’enlise à Sète
Les autorités françaises tardent à prendre une décision finale concernant le Rio Tagus. A ce jour, elles envisagent l’exportation du vieux cargo dans le cadre de la réglementation sur les mouvements transfrontaliers de déchets mais ne répondent pas à 2 questions primordiales. Le Rio Tagus peut-il être dispensé de l’application de la réglementation européenne sur le démantèlement des navires? Le Rio Tagus peut-il être remorqué en respectant les exigences de sécurité maritime et de protection de l’environnement?
BBC Shanghai, un risque radioactif pour l’Asie
Octobre 2015. Le BBC Shanghai appartenant à l’armateur allemand Briese Schiffahrts GmbH & Co KG est à la une de l’actualité mondiale du transport maritime. Il a été sélectionné par l’opérateur nucléaire français AREVA pour expédier en Australie des déchets radioactifs retraités dans l’usine normande de La Hague. Pourtant, le navire affiche en matière de déficiences techniques un bilan calamiteux attesté par les autorités maritimes de tous les continents; il avait été détenu à 3 reprises à Bilbao (Espagne), Gladstone (Australie) et en mars 2015 à Honolulu (Hawaï, Etats-Unis). La mobilisation internationale pour réclamer l’affrètement d’un navire sûr n’y fera rien, le BBC Shanghai charge 25 tonnes de déchets radioactifs et quitte Cherbourg (France) le 15 octobre à destination de Port Kembla près de Sydney. L’Indonésie lui interdit l’accès à ses eaux. Il arrive à Port Kembla le 5 décembre après un voyage de 25.000 km.
Bulletin « A la Casse » n°48. 284 navires démolis dont 81 dynamités
Le Bangladesh a le plus mauvais ratio- 42 navires -– 3 morts.
L’Indonésie a le meilleur rendement. 81 bateaux de pêche illégale coulés en 15 secondes.
Palaos est le pavillon corbillard à la mode ce trimestre. 11 navires ont hissé son pavillon juste avant de partir à la casse. 17 des 45 navires dépavillonés pour le dernier voyage appartenaient à des armateurs européens.
Les prix d’achats par les chantiers pour ce deuxième trimestre 2017 se situent autour de 350 US$ la tonne dans le sous-continent indien et 250 US$ en Chine et en Turquie. Le tonnage cumulé des navires ferraillés est de 1,6 million de tonnes. Le tanker Catherine Knudsen construit à Nagasaki en 1992 appartenant à un armateur norvégien et battant pavillon de la Norvège a été vendu plus de 8 millions US$. Il a été mis sous pavillon Palaos pour son dernier voyage.
L’Europe exporte des déchets radioactifs au Bangladesh
236 m de long. Le North Sea Producer, enfant chéri de Maersk, 1er armateur mondial, a été pendant 18 ans un bon serviteur de l’industrie pétrolière en mer du Nord.
Cet ex tanker lancé au Danemark sous le nom de Dagmar Maersk en 1984 a été converti 12 ans plus tard en navire de production et de stockage de pétrole offshore. Il était stationné sur le champ pétrolier de Mc Culloch au nord d’Aberdeen. Mis à la retraite en 2015 sur les bords de la Tees à côté du chantier Able UK d’Hartlepool qui a démoli l’ex porte-avions français Clemenceau, le North Sea Producer a quitté en remorque l’Europe. Maersk a choisi le Bangladesh pour sa fin de vie. Dans les 9 dernières années, 161 ouvriers ont été tués sur les plages d’échouage de Chittagong. Maersk ne s’arrête pas à ces détails. Ce qui compte c’est de vendre au meilleur prix. Les ferrailleurs du Bangladesh ont offert plus de 6 millions d’US$ pour le North Sea Producer.
Démolition du Rio Tagus: courrier aux autorités
Objet: démolition du navire Rio Tagus
Monsieur le Ministre de la Transition Ecologique et Solidaire
Madame la Ministre des Transports
Madame la Directrice régionale adjointe (DREAL Occitanie)
Monsieur le Directeur de l’Unité Départementale Hérault (DREAL Occitanie)
Monsieur le Directeur du Centre de Sécurité des Navires de Languedoc-Roussillon
Nous attirons votre attention sur le cas du Rio Tagus, vieux cargo abandonné dans le port de Sète depuis octobre 2010 dont le seul avenir est la démolition. Cet ex navire a été vendu aux enchères en octobre 2016 pour 11.000 € à un ferrailleur installé en Espagne à Vinaros au sud de Barcelone.
Bulletin « A la Casse » n°47. Le pur miroir de la mondialisation
Du 1er janvier au 31 mars 2017, sur 240 navires, 225 étaient en cours de destruction en Inde, au Bangladesh, au Pakistan, en Chine et en Turquie. 44 sont partis en Asie pour leur dernier voyage sous des pavillons d’opportunité financière ou diplomatique comme Saint-Kitts-et-Nevis, Palaos, Togo, Niue ou Mongolie. 76 avaient été construits en Europe avec de l’acier européen et de l’amiante russe ou canadien. Seulement 5 navires sont en cours de destruction dans des chantiers européens.
Bulletin « A la Casse » n°46 – Le Mondial de la démolition des navires
⇒ L’Union Européenne a publié le 19 décembre 2016 sa 1ère liste de chantiers de démolition agréés.
– L’Allemagne garde les mains propres. En mer du Nord ou en Baltique, elle ne propose aucune solution de démolition pour ses navires de pêche, sa flotte militaire et ses porte-conteneurs. Elle exporte ses déchets en Turquie, en Inde, au Bangladesh et un peu dans les pays baltes.
Série noire et marées noires
Les remorquages de vieux navires vers les chantiers de démolition se terminent souvent mal. En 2012, le FAS Provence, remorqué vers Aliaga avait coulé au sud de Malte. En 2013, le Lyubov Orlova avait disparu dans l’Atlantique après avoir rompu son câble d’amarre le lendemain de son départ du Canada. La même année, le Georg Büchner, ex-Charlesville remorqué pour démolition de Rostock (Allemagne) vers Klaipeda (Lituanie) avait coulé au large de la Pologne. En 2014, le navire-école allemand Emsstrom parti d’Allemagne vers les chantiers de démolition turcs avait coulé devant les côtes anglaises. En 2016, le Benita, rafistolé après un échouage, a coulé moins de 200 km après son départ de l’île Maurice.
2016, bilan de la casse : la mort rôde dans les chantiers, l’Europe exporte de plus en plus, le Bangladesh et l’Inde au coude à coude, on achève vite les porte-conteneurs
Mise à jour, 10 janvier 2017
La mort rôde dans les chantiers
2016 a été marquée par la tragédie de Gadani (Pakistan) : 28 morts, 4 disparus, des dizaines de blessés dans l’explosion du tanker FPSO Aces ex-Federal 1, le 1er novembre. L’ex navire contenait encore des milliers de tonnes de résidus d’hydrocarbures et des bouteilles de gaz. Les familles recevront une indemnité de 1,5 million de roupies (14.000 US$).
Ailleurs, les incendies sur les navires en cours de démolition répandent dans l’atmosphère des fumées toxiques tandis que les chutes de tôles, chocs électriques, explosions et inhalations de gaz tuent en routine.