La Flèche n°25
Journal de Robin des Bois – avril 1994 (8.45 Mo)
C’est le Mary H qui m’a tuer page 6
Les mystères du Sherbro
Objet : Action : Robin des Bois chez Delmas – Dunkerque
Quand un conteneur tombe d’un navire cypriote, c’est un scandale. Quand 90 conteneurs tombent d’un navire français, c’est une fatalité.
La désinvolture et la carence de communication de la compagnie Delmas après le désarrimage du Sherbro est conforme à l’opacité et à la confidentialité traditionnelle des armateurs.
Or, des conteneurs tombés à la mer ne relèvent plus du domaine commercial et privé. Leurs cargaisons polluent la mer et déferlent sur le domaine public maritime.
Transport maritime : le Sherbro servira-t-il de détonateur ?
Dans le cadre de la Conférence sur la Protection de la Mer du Nord, les Etats riverains de la Mer de la Manche et de la Mer du Nord se sont engagés dès 1990 “à réduire les risques de perte à la mer de matières dangereuses et à renforcer les moyens de récupérer les marchandises tombées à la mer”.
Force est de constater que ni la France, ni la Hollande, ni la Belgique n’ont tenu ces engagements.
– Le seul remorqueur français affrété par la Marine Nationale dans la Manche a été obligé, le 11 décembre 1993, d’abandonner le repérage et le marquage des conteneurs tombés du Sherbro pour porter secours à un car-ferry anglo-normand.
Robin des Bois chez Delmas
Pour briser l’opacité et la confidentialité du transport maritime, 7 militants de Robin des Bois occupent depuis ce matin 11H30, le hall de réception de la Tour Delmas à la Défense.
L’association Robin des Bois exige que soient publiées :
– La liste des matières dangereuses au départ du Havre le 8 décembre 1993,
– La liste des conteneurs et des marchandises tombées à la mer alors que le Sherbro se rendait du Havre à Montoir dans l’estuaire de la Loire ;
– La preuve administrative du débarquement des conteneurs de détonateurs et de matières explosives en Afrique.
Delmas : des conteneurs sans transparence
L’association Robin des Bois qui a occupé les locaux de la compagnie Delmas le lundi 10 janvier, de 11H30 à 20H30 s’est vue opposer une fin de non recevoir. Craignant “une interprétation délirante des informations” et préférant communiquer “avec des canaux sûrs”, la direction de la Delmas s’est refusée à tout commentaire nouveau sur l’affaire du Sherbro.
Delmas a en particulier refusé de révéler la liste des cargaisons embarquées dans les 88 à 91 conteneurs tombés à la mer.
La Mystification du Sherbro
Le cafouillage entre la préfecture maritime de Cherbourg et celle de Brest est enfin éclairci. Comme l’avaient affirmé Robin des Bois et une partie de la presse, le Sherbro a bien perdu entre Cherbourg et Brest un conteneur d’explosifs.
En effet, la nitrocellulose imprégnée d’alcool est classée selon le code I.M.D.G (International Maritime Dangerous Goods) comme matière explosive (1-1D ou 1-3C). L’affirmation de la préfecture maritime de Brest selon laquelle aucun conteneur d’explosif n’est tombé du Sherbro est mise à mal.
Merci beaucoup Delmas !
Objet : Echouage de produits toxiques et explosifs sur le littoral
La compagnie Delmas s’engage dans un communiqué à payer les frais de ramassage des substances échappées des conteneurs tombés de son navire, le Sherbro, entre le Cap de la Hague et le Finistère.
Par cet acte de contrition, le plus gros transporteur maritime français entend échapper à d’éventuelles procédures judiciaires. Pour sa part, l’association Robin des Bois a écrit aux préfets des départements de la façade atlantique (*).
Un arrêt du Conseil d’Etat en date du 23 février 1979 oblige en effet l’administration à poursuivre ceux qui polluent ou dégradent le domaine maritime public et à les déférer devant le Tribunal Administratif suivant la procédure de contravention de grande voirie. Le Tribunal Administratif est non seulement susceptible d’infliger une amende aux fautifs mais aussi de les obliger à réparer l’atteinte causée. Au cas où les représentants de l’Etat n’entameraient pas ces poursuites, l’association Robin des Bois attaquera l’Etat devant les Tribunaux Administratifs.
Les bateaux bombes
Objet : détonateurs sur le littoral
Aujourd’hui, le Panther, petit caboteur de 62 mètres de long, va quitter le port de Cherbourg avec à bord des grenades, du perchlorate d’ammonium en provenance de la Société Nationale des Poudres et Explosifs de Bordeaux, des munitions de première catégorie ainsi que des fusils mitrailleurs Herstal.
En 1991, un début d’incendie avait eu lieu sur un bateau du même type parti de Cherbourg pour le port de Drogheda en Irlande.
En 1987, un autre caboteur spécialisé dans le transport d’explosifs, le Hornestrand, après un début d’incendie dans ses cales avait été abandonné par son équipage et a dérivé pendant 5 jours dans la mer de la Manche. Il était chargé de 240 tonnes de dynamite et de 130 tonnes de détonateurs.
EXPLOSIF. Attention : des détonateurs peuvent en cacher d’autres
Selon les autorités, la marée de détonateurs qui s’abat sur la Bretagne et la Vendée est consécutive à une perte survenue le 9 septembre 1993. Cette perte a été signalée par le capitaine du bateau incriminé.
Robin des Bois s’étonne que le service de l’Action en mer des préfectures maritimes concernées n’ait pas cru bon de diffuser un avis aux pêcheurs qui travaillent sur zone.
Les pêcheurs, si l’on comprend bien, ont travaillé pendant plus de trois mois en toute inconscience des dangers alors que ces engins éventuellement pris dans les chaluts étaient susceptibles d’exploser.
Maritime : l’abus des conteneurs
Le déferlement de produits divers et toxiques sur le littoral du Nord Cotentin souligne les conditions de laisser-aller du transport maritime.
Le premier moyen d’éviter le désarrimage des conteneurs est de réduire la vitesse du navire dans le très gros temps.
Le deuxième, c’est d’équiper tous les porte-conteneurs de cellules guides qui immobilisent les conteneurs, même dans les tempêtes.
Ces deux mesures simples ont un inconvénient commun : elles font perdre du temps en mer ou à quai (pour le déchargement) aux transporteurs maritimes.