Usines offshore

L’humanité découvre un nouveau satellite : l’océan. La mer est la nouvelle lune. C’est promis. Le 21ème siècle et les suivants seront maritimes ou ne seront pas. L’offshore éolien est un cheval de Troie. Le foncier marin est immense et il n’y a pas des voisins pour se plaindre. Après l’étalement urbain vient le temps de l’étalement marin. Aux entraves des plates-formes d’hydrocarbures abandonnées ou en exploitation s’ajouteront les usines sur l’eau, les mines sous-marines, les stockages de CO2, les unités de dessalement. La mer à boire, à trancher et à consommer sans modération. Qu’en pensent les baleines et les poissons ?

Cauchemar en Mer du Nord

2 avril 2012

La nappe de gaz chaud autour de la plate-forme de production et d’habitation Elgin est explosible en périphérie et explosive au centre. C’est pourtant là que des forces d’intervention d’élite devraient converger avec des moyens maritimes et des équipements lourds pour injecter dans la tête du puits hors de contrôle des boues de colmatage. Aucun employeur normalement constitué ne prendrait une telle responsabilité. Au demeurant, s’il y a bien à Aberdeen une flottille de navires de lutte contre les fuites de pétrole et les marées noires (Oil Spill Response limited), elle n’a pas d’équivalent pour les fuites de gaz. C’est bien là la faute de Total et du gouvernement britannique que d’avoir mis en œuvre et autorisé l’exploitation d’un champ de gaz à haute pression et à haute température à plusieurs kilomètres sous les fonds de la Mer du Nord, sans pouvoir mettre en face les moyens techniques et les ressources humaines capables de maîtriser rapidement les caprices d’une telle bombe sous-marine. Ces risques étaient dès le début de l’exploitation, au début des années 2000, connus et appréciés à leur juste valeur par Total : « A cause de la complexité géologique des strates profondes sous-marines, les pressions peuvent varier de manière très brutale pendant les phases de forage et il y a de réels risques d’éruption de gaz et de pétrole ». Total considérait cette exploitation comme un challenge, une aventure, une avancée industrielle majeure ouvrant des perspectives nouvelles dans le monde et des nouveaux marchés. Il convient de noter sur la scène de la catastrophe la présence à côté de la plate-forme de production et de la plate-forme puits, d’une plate-forme de forage, la Rowan Viking, battant pavillon des îles Marshall selon les meilleures sources ou Panama selon les autres, ce qui promet le moment venu, comme après l’explosion de la plate-forme pétrolière Deep Horizon dans le golfe du Mexique de belles batailles de responsabilités, du type c’est pas moi c’est l’autre.

Lire la suite

Un œil sur la mer

18 août 2011

1 – Mer du Nord.

Depuis le 10 août, une marée noire est en cours en Mer du Nord à 180 km à l’Est d’Aberdeen, Ecosse. Le pétrole brut s’échappe d’une canalisation sous-marine connectant les puits E et F du champ d’exploitation Gannet opéré par Shell. Le réseau de pipeline court sur le fond de la mer par 95 mètres de profondeur. Les réservoirs de pétrole sont entre 2.700 m et 1.700 m sous le fond de la mer. Selon Shell, la fuite serait inférieure à 795 litres/jour (5 barils/jour) mais les exploitants sous-estiment généralement les débits en cas d’accident. Des hécatombes de pingouins guillemots nombreux sur zone en été sont prévisibles. Les autres espèces exposées sont les pingouins torda et les macareux. Ce secteur de la Mer du Nord est notamment fréquenté par les maquereaux, les soles et les églefins. Cette marée noire est une atteinte à la biodiversité et pénalise une fois de plus les activités de pêche. En 2009 et 2010, dix fuites ont été constatées sur le champ pétrolier Gannet dont 9 auraient été inférieures à 1 tonne. Selon la convention OSPAR pour la protection de l’environnement marin de l’Atlantique du Nord-Est, les risques de fuites en provenance des pipelines de la Mer du Nord sont en progression. L’exploitation du pétrole entre dans une phase particulièrement dangereuse pour l’environnement : la production diminue de même que les opérations de surveillance et de maintenance sur un réseau global de 50.000 km de canalisations. Dans le cas particulier, les mammifères marins migrateurs comme les petits rorquals ou sédentaires comme les marsouins et les phoques gris sont aussi menacés par la dérive du pétrole.

Lire la suite

Ça bouge en Arctique

22 juil. 2011

Ça bouge en Arctique

Le 7 juillet 2011, un accord sur la frontière maritime entre la Russie et la Norvège est entré en vigueur. Cette nouvelle ligne de démarcation clôt un différend de 44 ans à propos de 175.000 km² dans la mer de Barents et l’océan glacial arctique et ouvre ce qu’il est convenu d’appeler « une zone grise » pour l’exploration des ressources fossiles. Le lendemain de l’entrée en vigueur de cet accord, la Norvège a dépêché sur zone le navire de recherches sismiques Harrier Explorer (OMI 7807380).

Lire la suite

Les dernières nouvelles du Probo Koala

3 juin 2011

Le Gulf Jash, ex-Probo Koala, est à l’ancre dans la Baie d’Halong au Vietnam. Aujourd’hui 3 juin, le courtier américain GMS dément être l’actuel propriétaire de l’ex-Probo Koala. Dans cette hypothèse, il revient à l’armateur du navire depuis 2006, à savoir la Gulf Navigation établi à Dubaï, de préciser les conditions de vente et la destination du navire.

Confirmant le communiqué diffusé par Robin des Bois le 17 mai 2011, la base de données Equasis indique depuis le 31 mai que le Gulf Jash (ex-Probo Koala), le Gulf Ahmadi (ex-Probo Bison) et le Gulf Shagra (ex-Probo Panda) sont en attente de démolition.
L’ex-Probo Koala est interdit d’entrée dans les eaux territoriales du Bangladesh depuis le 27 mai, les autorités ayant été informées par Robin des Bois dès le 17 de l’arrivée imminente du navire sur les chantiers de démolition de Chittagong.

Lire la suite

Probo Koala au Bangladesh : refusé

28 mai 2011

Informées par Robin des Bois dès le 17 mai 2011 de l’arrivée imminente du Probo Koala sur les plages de Chittagong pour démolition, les autorités du Bangladesh (1) par la voix du Ministre de l’Environnement viennent d’interdire l’accès au chantier de ce navire dont le dernier nom connu est le Gulf Jash, numéro OMI 8309816. C’est la première fois qu’un navire voué à la démolition est ainsi banni des eaux du Bangladesh. Cette décision se justifie par l’histoire de ce tanker et par les résidus particulièrement toxiques encore susceptibles d’être à bord. La liste de ces substances et le plan du navire sont dans le document en lien.

Lire la suite

Mégatombe de rouge-gorges en Mer du Nord

7 mars 2011

50 millions d’oiseaux migrateurs franchissent deux fois par an la Mer du Nord. La navigation astronomique d’au moins sept espèces est sévèrement perturbée par les flux de lumière artificielle émis par les plates-formes off-shore. Le dérangement est maximal quand le ciel nocturne est couvert de nuages ; il aboutit à la désorientation des oiseaux qui dans ces circonstances se mettent à tourner pendant plusieurs heures autour de cette fausse constellation que constitue une plate-forme off-shore la nuit.

Lire la suite

La ruée vers la mer

25 janv. 2011

Après avoir vidé la mer de poissons, ils voudront la remplir d’usines. Cette prémonition, Robin des Bois l’évoque depuis plusieurs années (cf journal Le Monde 11/01/2007).

Les centrales éoliennes off-shore sont les précurseurs d’autres installations industrielles dans les eaux côtières et peu profondes au large. AREVA, EDF et DCNS (ex Direction des Constructions Navales) n’ont-elles pas dévoilé la semaine dernière leur projet de fermes nucléaires sous-marines ? (1). Saluons dans ce domaine les noces symboliques de l’éolien et du réacteur EPR de Penly dans la Manche !

Lire la suite

Le serpent de mer nucléaire

20 janv. 2011

Il fallait bien que ça arrive un jour, depuis le temps que Technicatome puis Areva essayent de ressusciter le nucléaire civil en mer, après les espoirs et les échecs de la propulsion nucléaire pour les navires de surface incarnés par l’Otto Hahn, navire marchand allemand soutenu par Euratom et récemment démantelé dans la baie d’Alang (voir “A la casse.com” n°18). Le projet Flexiblue porté par la DCNS n’est rien d’autre qu’un sous-marin coulé, concept inauguré par les Etats-Unis le 10 avril 1963 avec le Thresher dans l’Atlantique. Au lieu d’être coulé par accident, le projet Flexiblue l’est volontairement et son énergie acheminée sur les lieux de consommation par câbles sous-marins. Le projet nucléaire de DCNS se pare du doux vocable de « ferme ». Après la ferme éolienne off-shore, c’est le tour de la ferme nucléaire sous-marine. La langue de bois fonctionne à plein tube. Les mots damnés de terrorisme, de rejets radioactifs, de déchets nucléaires, de collision, de chaluts sont bannis.

Lire la suite

Des centrales nucléaires flottantes à travers le monde

10 sept. 2010

Des centrales nucléaires flottantes à travers le monde

La première centrale nucléaire flottante russe a été lancée fin juin 2010 (photo n°1) et ses deux réacteurs d’une capacité de 35 MW x 2 seront installés avant 2012 selon les autorités russes. Des retards sont toutefois possibles. Cette nouvelle activité nucléaire est inquiétante, en particulier parce que la gestion des déchets radioactifs des brise-glace et sous-marins nucléaires russes reste non résolue de même que leur démantèlement en fin de vie.

Lire la suite

Trafigura rattrapé par le mercaptan et l’hydrogène sulfuré

23 juil. 2010

Bref rappel des faits en fin de communiqué

Alors que le Gulf Jash, ex-Probo Koala, quitte les eaux noires du Golfe du Mexique et que l’Aristos II, autre tanker affrété par Trafigura, est en cours de démolition dans les vases de Chittagong au Bangladesh, le jugement du tribunal d’Amsterdam braque à nouveau les projecteurs sur le monde obscur des traders et du trafic maritime.

Les efforts de désinformation de la multinationale Trafigura sont démentis. Selon ses portes-parole, ses avocats et ses conseillers en communication, tout ce qui s’est passé à Abidjan ne serait qu’un « mythe ». Le jugement d’Amsterdam confirme que les déchets de la désulfuration produits à bord du Probo Koala par le procédé Merox étaient dangereux. 4 ans après l’escale hollandaise du Probo Koala, ce jugement met fin à la prétendue irresponsabilité de Trafigura. Malgré la stratégie de dilution des responsabilités en vigueur dans le monde maritime, chaque maillon de la chaîne, en mer et à terre, est rattrapé par la justice.

Lire la suite