Déminage du Port du Havre : l’information et les populations sont barricadées
L’opération de déminage prévue pour le lundi 11 et mardi 12 juin 2001 dans la zone portuaire du Havre est exceptionnelle. L’une des munitions à neutraliser contient 720 kg d’explosifs. Lors de son pétardage en octobre 1999, une munition similaire a déclenché un tremblement de terre de 4,4 sur l’échelle de Richter enregistré par le réseau de surveillance sismique de Strasbourg.
Les bas quartiers résidentiels et balnéaires du Havre sont exposés aux risques pyrotechniques susceptibles de dégrader, de démolir ou de déplacer les biens privés et publics.
Contrairement aux pratiques en vigueur quand des munitions de forte puissance font l’objet de découverte et de neutralisation, les populations ne seront pas évacuées. Elles sont incitées à se barricader chez elles, volets fermés et fenêtres ouvertes. Il est recommandé de se tenir le plus éloigné possible des baies vitrées, nombreuses dans ces immeubles de front de mer.
Montérolier: les vestiges de guerre reviennent en surface
La photo aérienne de l’IGN d’avril 1952 démontre un remaniement du sol au dessus des galeries souterraines de Montérolier. Cette anomalie n’est pas repérable sur la photo de 1947. Le réseau des galeries de Montérolier a servi d’entrepôt aux armées allemandes concentrées pendant la dernière guerre sur le plateau haut – normand où une centaine de rampes de lancement de missiles V1 étaient en activité ou en construction en hiver 1944.
En juin 1995, 9 personnes dont 3 enfants y ont trouvé la mort. Piégées dans les galeries depuis le début de la soirée du 21 juin, elles avaient été abandonnées à elles – mêmes entre minuit et 7 h, à la suite de l’interruption des secours fondée sur la mort du médecin capitaine des pompiers de Rouen vers 23 h, à quelques mètres de la sortie du réseau et sur le manque d’informations quant au phénomène pyrotechnique en cours. Au petit matin, un des pompier était retrouvé, la vie encore chevillée au corps. Il survécut après plusieurs jours de réanimation. Mais à 16h30, le dernier corps des 8 autres victimes était évacué. 2 ans après, la vérité judiciaire déclarait que la catastrophe avait été provoquée exclusivement par un feu de camp allumé dans l’après-midi par les enfants et les émanations de monoxyde de carbone. Les familles des victimes, le corps des pompiers de Seine-Maritime, beaucoup d’experts en toxicologie contestent cette explication.
Vimy-sur-Mer
Au Havre, le Projet “Port 2000″ cumule les risques industriels, les risques pour la sécurité maritime, les menaces pour l’environnement et les risques pyrotechniques. Une mine allemande avec une charge de 720 kg d’explosifs conventionnels vient d’être découverte dans le futur chenal, à 800 mètres du stockage pétrolier d’une capacité de 5 millions de tonnes. Le grand débat public et l’enquête publique n’ont pas informé la population sur l’état initial du site pollué par des vestiges de guerre et sur les risques de l’opération de déminage / débombage pour la population et les installations portuaires. En octobre 2000, c’est Robin des Bois qui a informé la presse de la présence de 2012 “ cibles ” dans le futur chenal de “ Port 2000 ”. Dans un deuxième temps, Robin des Bois a porté plainte devant la Commission Européenne et a demandé l’annulation des arrêtés préfectoraux autorisant “ Port 2000” devant le Conseil d’État. La France est d’ores et déjà destinataire d’une demande d’information de la part de la Commission Européenne pour “présomption de violation du droit communautaire”.
Vimy: le principe de précipitation
Prétendre découvrir aujourd’hui les risques imminents du centre de transit de munitions de Vimy, il n’y a qu’un préfet pour oser le faire. En décembre 1996, le site voisin du Crotoy en Baie de Somme a été soufflé par une explosion. Le centre de Vimy a alors vu ses stocks gonfler, bien que dès 1996, des corrosions, suintements, dégradations aient été observés sur des obus de la première guerre mondiale, dans le voisinage de munitions conventionnelles et périmées. En juillet 1997, le préfet du moment dans le Pas-de-Calais écrivait aux maires concernés que les munitions chimiques du site de Vimy seraient transférées en dépôt sans délai.
La Flèche n°36
journal de Robin des Bois – septembre 2000 (4 Mo)
– La vérité vient-elle du ciel ? page 11 (drame de Montérolier)
Port 2000: trafic de risques
Objet: le Havre – port 2000 – Dernier jour de l’enquête publique
Le comblement partiel de l’embouchure et de l’estuaire de la Seine par Port 2000 générerait des risques pour la sécurité publique et maritime qui, dans le cadre du débat public (novembre 1997 – mars 1998), des réunions de la Maison de l’Estuaire (mai 1998 – novembre 1999) et des réunions de la Commission de Suivi de la préfecture, ont été occultés avec constance par le Port Autonome du Havre et les services de l’État.
Cherbourg, naufrage de “la Fidèle”
Le naufrage de “la Fidèle”, dans la fosse du Cap Lévi mentionnée comme dépôt sous-marin de munitions explosives sur les cartes nautiques, illustre les dangers croissants du stockage, du démantèlement et de l’élimination des vestiges de guerre ou des munitions périmées.
A terre, les entreposages des engins de guerre sont précaires. A Vimy, près d’Arras dans le Pas-de-Calais, le dépôt de 500 tonnes d’engins de guerre collectés dans la région défie les règles de sécurité. Il est ouvert par les brèches de la clôture en fil de fer à tous les maraudages.
Sur le littoral, en décembre 1996, l’explosion prématurée de 15 tonnes d’obus, près des dunes de la pointe de Maye, en baie de Somme et au-delà du périmètre réservé a légèrement blessé deux pyrotechniciens et conduit à l’évacuation pendant plusieurs heures de 350 riverains menacés par les émanations de phosphore.
En mer, les dépôts sous-marins de munitions constituent des sources de contamination des sédiments benthiques par l’arsenic, le plomb et le mercure. Entre 1982 et 1995, le British Geological Survey a enregistré à travers son réseau de détection sismique 25 détonations attribuées à des explosions spontanées de munitions dans le dépôt de Beaufort’s Dyke en mer d’Irlande. A l’ouest de Cherbourg, dans la fosse des Casquets, autre décharge sous-marine utilisée par les marines militaires, la présence de munitions déversées par les Etats riverains de la Mer du Nord génère des risques d’explosion et de contamination qui, selon le Ministère de l’Environnement, empêchent toute intervention sur les fûts de déchets radioactifs jetés par la Belgique et l’Angleterre entre 1950 et 1963.
Réhabilitez la Fosse des Casquets !
Selon un rapport de l’Académie des Sciences des Etats-Unis paru en 1971, le site de la fosse des Casquets a reçu 61.570 conteneurs d’une activité totale de 390 curies alpha et 1176 curies bêta. Ces déchets radioactifs étaient d’origine anglaise et belge. L’inventaire du bric-à-brac radioactif et chimique déversé depuis plus d’un demi-siècle dans la fosse centrale dite des Casquets ou Hurd Deep est insuffisant, il faut réhabiliter les Casquets et considérer la fosse comme un sous-sol marin pollué. En 1989, l’Inspector, bateau d’investigation sous-marine battant pavillon anglais avait repéré l’épave du Pérentis par 63 mètres de fond et les caméras sous-marines avaient pu déterminer le nombre et la nature des matières dangereuses enfermées dans l’épave, et les techniques d’intervention en profondeur moyenne permettent le relevage de charges lourdes. IFREMER a ainsi récupéré en 1994, 17 tonnes de pièces d’argent enfouies par 2600 mètres de fond en mer d’Oman, dans la coque d’un Liberty Ship coulé en 1944.