Bulletin « A la Casse » n°15
Adieu Bangladesh, bonjour Philippines ?
Le 18 mars, la Haute Cour de Justice du Bangladesh a décidé la fermeture sous deux semaines des chantiers de démolition qui n’auraient pas de permis garantissant les normes environnementales, soit dans les faits tous les chantiers du pays ; la décision interdit également l’importation des navires qui n’auraient pas bénéficié d’une extraction préalable des polluants (amiante, PCB, métaux lourds, hydrocarbures…). Les industriels ont obtenu un délai de trois semaines pour préparer un appel contre cette décision. En attendant, les navires continuent d’arriver et d’être beachés à Chittagong. Il reste à voir comment cette décision va être suivie d’effet et si elle va inciter le gouvernement du Banglesdesh à mettre en place des normes et un suivi des conditions environnementales et sociales de démantèlement ou si le marché de la démolition ne va pas se déplacer : les armateurs japonais qui ont un surplus de navires à démolir en raison de la crise pousseraient le gouvernement des Philippines à se lancer sur le marché .
Vente aux enchères de pièces du France
Avec la vente aux enchères sur les Champs-Élysées de pièces détachées du France et ramenées à grand frais de la baie d’Alang, la preuve est faite que le retour en Europe de parties de navires soumis à la casse est possible.
Robin des Bois déplore donc que les lots de matériaux toxiques embarqués à bord du France n’aient pas subi le même sort, pour le plus grand profit des communautés indiennes des plages d’Alang.
1.500 tonnes d’amiante, 4.000 sources radioactives et les tonnes de pyralène auraient dû, elles aussi, être rapatriées en Europe et à défaut d’une vente aux enchères être traitées avec autant de brio dans des sites dédiés non seulement en France mais surtout en Allemagne d’où le Norway, ex-France, accidenté et abandonné pendant plus 18 mois s’est scandaleusement échappé le 23 mai 2005 sans aucune décontamination préalable.
La crise mondiale pèse sur la démolition des navires
Le 14ème bulletin d’information sur la démolition des navires est disponible (pdf 23 pages 470 Ko). Il couvre la période du 22 septembre au 31 décembre 2008 au cours de laquelle est constaté un rush des veilles coques vers les chantiers asiatiques. 54% de ces navires étaient la propriété d’armateurs de l’Union Européenne ou de l’AELE (Association Européenne de Libre Echange). L’armateur français CGM-CMA s’est ainsi défait de l’Ursula Delmas ex-Sherbro, du Véronique Delmas et du CMA-CGM Potomac. 65% des navires partis à la casse pendant le dernier trimestre de l’année 2008 ont été préalablement détenus dans les ports du monde entier pour des défaillances techniques, ce qui prouve une dégradation de la maintenance et de l’état général des navires. Ils sont tous partis sans décontamination préalable.
Le Clemenceau en partance
Constatant que toutes les autorisations de transfert transfrontalier de déchets ont été délivrées et que le chantier Able UK dispose des capacités administrative, financière et technique, l’association Robin des Bois spécialisée dans le démantèlement des navires* est favorable à l’option retenue par la Marine Nationale. Robin des Bois comme l’ensemble des associations internationales concernées apprécie en particulier que le chantier Able UK dispose d’une cale sèche et mette en œuvre des moyens mécaniques visant à protéger à la fois la main d’oeuvre et l’environnement. D’autre part, le démantèlement du Clemenceau qui ne devrait pas prendre plus d’un an sera dans le domaine du retrait et de l’élimination des déchets dangereux (PCB, amiante ..) contrôlé à la fois par l’administration anglaise et par le bureau Veritas, qui dans un premier temps a cartographié à bord du Clemenceau l’ensemble de ses déchets. Tout nouveau retard dû à des recours juridiques de dernière minute comporte des risques d’annulation de cette meilleure option disponible.
Le Tour du monde de la démolition des navires en 18 pages
Alors que, à quelques exceptions près, les abattages de bateaux de pêche persistent sur les quais de France en même temps que les déclarations de bonne foi des propriétaires et des pelleteuses, les cargos et autres navires de grande taille en fin de vie continuent, à quelques exceptions près, à affluer vers les cimetières asiatiques dans une complaisance générale qui bat pavillon des îles Consensus-et-Statu-Quo.
Robin des Bois publie son 13ème bulletin d’information sur la démolition des navires.
La Vendée dans la Seine
Suite du communiqué du 22 septembre “La Vendée autour du Globe”
Robin des Bois prend acte des déclarations des propriétaires de La Vendée selon lesquelles le navire serait prochainement vendu à une société parisienne pour effectuer du transport de passagers sur la Seine.
Robin des Bois confirme que des acheteurs comoriens, malgaches et africains s’intéressaient à La Vendée et que leurs représentants ont été reçus par la société de courtage chargée de la vente du navire.
La Vendée autour du Globe
Désarmée à Lorient, La Vendée appartient à la Compagnie Yeu Continent et au Conseil Général de Vendée. Construite en 1969, elle a servi jusqu’à fin 2005 à transporter des passagers et des marchandises entre Fromentine et Port-Joinville sur l’Ile d’Yeu. La Vendée n’a plus aucun certificat de navigation. Ses moteurs sont d’origine. La coque est usée. Les membrures sont visibles. « Pour permettre d’assurer des liaisons plus sûres », le Conseil Général de Vendée l’a remplacée par le Pont d’Yeu.
Un plan Alang
Dans le cadre de l’adaptation de la flottille de pêche à la politique européenne, plusieurs centaines de bateaux vont être détruits en France d’ici à la fin de l’année. Chaque propriétaire reçoit de la part de l’Etat français et de l’Union européenne une prime substantielle qui peut atteindre 600.000 €. La prime est calculée en fonction de l’âge du navire, de sa taille, du type et du quota de pêche, de la puissance du moteur et son versement est seulement assujetti à la preuve de la destruction ou de l’incapacité définitive à naviguer.
Décontaminer, détruire et recycler la Reine des Abers
Supplément du bulletin A la casse.com
Construite en 1966, la Reine des Abers attend d’urgence une démolition dans l’Aber-Benoît près de Brest. Cet ex-cargo sablier est représentatif d’une flottille en fin de vie dangereuse pour la sécurité portuaire et pour l’environnement. Par manque de disponibilité d’entreprises spécialisées dans la démolition des navires, nombre de bacs, de dragues, de barges, de pontons, de bateaux de pêche attendent dans les ports, les abers, les estuaires, les fleuves, les canaux et autres pièces d’eau, on ne sait quelle issue miraculeuse. Ainsi la Reine des Abers s’est vue un temps promise à une reconversion culturelle. Ce type de navires construit dans les années 60 -70 recèle des quantités importantes d’amiante, de PCB, de peintures au plomb et à l’étain et de résidus d’hydrocarbures. De petite taille – 22 m de long pour la Reine des Abers – ils cumulent les déchets toxiques dont la dispersion à l’issue du naufrage ultime ou de la destruction à l’ancienne porte atteinte à la qualité générale de l’environnement.
Un scandale bien français : la casse au Bangladesh
Round Robin n°1
Trois armateurs français envoient à Chittagong (Bangladesh) des navires toxiques avec de l’amiante et d’autres dangers. Il s’agit de Gaz de France avec le Descartes qui avait été soi-disant revendu pour exploitation à la société taiwanaise TMT. En fait, après Marseille, le Descartes est resté dans un port chinois pendant plusieurs mois avant de rejoindre le Bangladesh le 19 juillet 2008 ; sa seule activité a été de changer deux fois de nom. Les autres navires sont le pétrolier Muadi appartenant à la compagnie pétrolière Perenco et le pétrolier Serepca 1 appartenant à une filiale de Total. L’Edouard LD de Louis Dreyfus Armateurs et Gaz de France a été revendu « pour exploitation » à Dynacom, armateur grec, en vue de subir le même sort. Malgré le bénéfice énorme (750 $ la tonne pour des navires en fin de vie, voire 1.000 $ la tonne pour les navires contenant de l’acier inoxydable ou des métaux non ferreux comme le Descartes vendu 14 millions de dollars), les armateurs français et européens ne font aucun effort particulier pour améliorer les conditions de travail des ouvriers bangladais.
Le 22 juillet 2008